Emmanuel Macron fait le choix d'un budget 2023 protecteur et dépensier face à la crise
Le gouvernement renforce ses capacités pour répondre à la hausse des flux migratoires, particulièrement d'Ukraine, en augmentant de 6 % ses crédits à l'accueil d'urgence.
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Après trois années marquées par le Covid et un soutien exceptionnel à l'économie, le gouvernement français poursuit sur cette lancée, malgré sa volonté affichée de sortir du « quoi qu'il en coûte ».
Si l'on s'en tient aux derniers arbitrages transmis pour la première fois en amont aux parlementaires, les crédits budgétaires seraient en hausse de 21,7 milliards d'euros.
Une hausse qu'on doit au nouveau bouclier tarifaire pour protéger les Français de la hausse des prix de l'énergie. À lui-seul, il coûte 16 milliards d'euros. C'est plus qu'anticipé avant l'été. L'inflation est passée par là.
La discipline budgétaire, que le gouvernement espérait réinstaurer, elle attendra
Alors le gouvernement mise sur des recettes fiscales plus importantes que prévu pour faire face aux futures dépenses. Et il prévoit un déficit limité à 5%. Mais la charge de la dette fait un bond spectaculaire et coûtera plus de 51 milliards d'euros l'an prochain.
Après des années de taux négatifs, c'est le retour à la réalité. Les taux d'intérêt des obligations de l'État à dix ans sont passés de -0,4% en début d'année à 2,6% du jamais vu en une décennie.
La dette qui pèse aujourd'hui 112% du PIB français va encore augmenter dans les années qui viennent sous l'effet de la hausse des taux décidée par la banque centrale européenne. Ce qui va réduire encore les marges de manœuvre budgétaires à l'avenir.
D'ailleurs la France n'est pas seule à faire face à ces défis
Heureusement pour elle, si l'on ose dire, elle ne se démarque pas fortement de ses voisins. Comme le phénomène de l'inflation est globale, tous les gouvernements ont engagé des dépenses hors normes et seront touchés par la hausse des taux. Hors de l'UE, le plan de soutien très coûteux annoncé par le gouvernement britannique, vendredi 23 septembre, a fait trembler les investisseurs et fait dévisser la livre sterling. En Europe, c'est l'Allemagne qui dépense le plus en proportion de son PIB. L'Italie est juste derrière. Là-bas, les taux à dix ans ont été multipliés par quatre en un an. Tout le monde suit de près cet indicateur et attend de voir à l'œuvre le nouveau gouvernement pour savoir quelle direction prendront les finances publiques. La crainte, voir ressurgir le spectre d’une crise des dettes publiques en zone euro.
Pour éviter cela, les appels se sont multipliés ces derniers mois pour revoir les règles budgétaires
Des pays aussi éloignés sur ces questions que l'Espagne et les Pays-Bas ont appelé ensemble à un nouveau cadre budgétaire qui coller aux nouvelles réalités : l’envolée des dettes publiques et des besoins d'investissements énormes. La Commission européenne a suspendu jusqu’à l'an prochain ses fameuses règles limitant la dette et le déficit des États. L'UE s'est dotée de nouveaux outils destinés à empêcher les risques systémiques pour la zone euro. Et une réforme des règles complexes du pacte de stabilité et de croissance est en cours.