Semi-conducteurs : la Chine va restreindre l'exportation de métaux critiques
La Chine impose depuis mardi des restrictions aux exportations de deux métaux indispensables aux semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur, une décision largement perçue comme des représailles aux mesures prises par Washington à l'encontre de son secteur technologique.
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Pékin impose dès ce mardi 1er août des restrictions sur ses expéditions de gallium et de germanium. Une décision largement perçue comme des représailles aux mesures prises par les Etats-Unis dans le secteur technologique.
Ces derniers mois, l’administration Biden s’est engagée dans une guerre commerciale contre la Chine. L’objectif : restreindre l’accès des entreprises chinoises aux semi-conducteurs les plus avancés, au nom de la «sécurité nationale». De quoi faire réagir Pékin, qui cherche à devenir autonome dans la conception de ces composants indispensables au cœur d’une bataille économique. Ce mardi 1eraoût, la Chine a remis une pièce dans l’engrenage, en restreignant ses sorties de gallium et de germanium. Les exportateurs de ces deux métaux - indispensables pour la fabrication de semi-conducteurs - devront désormais obtenir une licence, en fournissant des informations sur le destinataire final et en notifiant leur utilisation, selon une directive du ministère du Commerce.
D’après un rapport de l’Union européenne publié cette année, la Chine représente 94 % de la production mondiale de gallium, présent notamment dans les circuits intégrés, les LED et les panneaux photovoltaïques. Quant au germanium, indispensable pour les fibres optiques et l’infrarouge, 83 % de la production de cet élément provient également de Chine.
Hautement stratégiques, les semi-conducteurs sont des micropuces essentielles à la production d’une multitude d’appareils électroniques, des machines à café aux voitures électriques en passant par les smartphones, et sont aussi présentes dans l’armement. Avec le Covid-19, le monde a connu une pénurie de ces composants dans l’économie numérique.
De futures restrictions dans les exportations de drones
Pour l’analyste James Kennedy du cabinet ThREE Consulting interrogé par l’AFP, il s’agit d’un «message clair» et «sans ambiguïté» adressé par la Chine aux Etats-Unis. Il tempère toutefois la portée d’une mesure avant tout politique qui, selon lui, «vise à causer un minimum de dommages» aux Etats-Unis, car leurs besoins en gallium et germanium sont «faibles» et peuvent le cas échéant être compensés ailleurs.
En revanche, si Washington «choisit de poursuivre l’escalade, la prochaine réplique chinoise aura des conséquences», prévient l’expert, qui n’exclut pas des restrictions sur les terres rares. Contrairement à ce que laisse entendre leur dénomination, cet ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe sont relativement abondants. Mais leurs propriétés électromagnétiques particulièrement recherchées en font des «métaux stratégiques».
D’après des informations de l’agence Bloomberg, ces mesures prises par Pékin surviennent au moment où l’administration Biden envisagerait de nouvelles restrictions visant le secteur technologique chinois. Mais Pékin semble déterminé dans sa guerre économique. Lundi, la Chine a aussi annoncé des restrictions à compter du 1er septembre concernant l’exportation de certains types de drones. Cette mesure apparaît comme une réponse aux critiques occidentales sur l’assistance chinoise à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.