Quelles sont les raisons de la hausse des prix en France ?
Bien que la question du «relèvement des salaires et du pouvoir d'achat» soit déterminante pour 70% des Français dans leur vote, le bilan d'Emmanuel Macron jugé négatif.
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À quelques semaines de l’élection présidentielle, les sondages indiquent que la question du pouvoir d’achat reste en tête des principales préoccupations des Français . Cette tendance est renforcée par les tensions inflationnistes, entretenues en premier lieu par la hausse des prix de l’énergie qui frappent les dépenses contraintes des ménages. Pour l’année 2021, la hausse des prix en France a ainsi atteint 3,4 % selon Eurostat, soit un taux inférieur à la moyenne de la zone euro, à savoir un peu plus de 5 %.
La reprise économique se caractérise en effet par une forte demande, de matières premières tout particulièrement. Ce grand redémarrage a ainsi entraîné des défauts d’approvisionnement, des embouteillages dans les ports, des embouteillages d’acheminement. Cependant, l’on peut déjà constater un début de désengorgement des chaînes de production . Cet embouteillage était en effet dû au fait que tout le monde s’était mis à consommer, des biens industriels notamment, au même moment.
Il s’agit là d’un premier indice qui peut nous laisser penser, même s’il faut être prudent, que les prix, qui continuent d’augmenter en janvier 2022, pourraient se stabiliser en cours d’année.
Augmentation du prix de l'énergie
Sur le front de l’énergie, l’augmentation du prix du gaz s’explique aujourd’hui par des raisons climatiques mais aussi par des raisons géopolitiques, notamment par notre dépendance à la Russie dont la position régionale et internationale est des plus instables en plein conflit avec l’Ukraine. Quant à l’électricité, pour des raisons légitimes d’ordre écologique, l’on a remplacé l’utilisation du charbon par le gaz, y compris dans les centrales de production d’électricité.
Puisque le prix du gaz augmente, le prix de l’électricité augmente mécaniquement. Il y a donc une forte interdépendance des prix dans cette hausse récente de l’inflation, qui concerne aussi, dans une moindre mesure, les services et l’alimentation. Enfin, lorsque l’inflation augmente les prix d’autres biens ou services vont augmenter car ils sont indexés, parfois en des termes juridiques, sur l’inflation. Ainsi il y a des contrats qui lient les sociétés d’autoroutes à l’État qui prévoient une augmentation automatique des tarifs des péages tous les ans au 1er février en fonction notamment de l’inflation , ce qui explique la dernière hausse d’environ 2 % .
Certes le scénario ukrainien inquiète et crée une incertitude sur le prix du gaz russe.
Le pouvoir d’achat
Or, deux ans plus tard, ce sont plutôt aussi les « vagues de grandes démissions » et les difficultés de recrutement dans certains secteurs qui préoccupent. La situation impose désormais aux entreprises de se remettre à la table des négociations et de prendre leur part en 2022.
Des inégalités
Cependant, si le pouvoir d’achat des ménages français a augmenté depuis 2017, l’on constate aussi que les gains qui en sont issus ne concernent pas tous les ménages de manière homogène. De manière complémentaire, l’Institut des politiques publiques estime dans une étude récente que pour les ménages les 5 % les plus modestes, le niveau de vie a même très légèrement diminué.
Ainsi, derrière nos statistiques nationales qui portent sur des moyennes, l’on doit prendre en compte la réalité que peuvent vivre les Français les plus modestes qui, en raison de leur mode de vie, peuvent connaître une baisse du pouvoir d’achat. En effet, si ces ménages modestes doivent utiliser très fréquemment leur voiture, se chauffent au gaz et habitent une passoire thermique, alors l’augmentation nominale de leurs dépenses contraintes est susceptible d’entraîner une perte de pouvoir d’achat en dépit des aides de l’État comme les chèques énergie et l’indemnité inflation.
Le risque des taux
La hausse des prix implique une demande d’augmentation des salaires qui implique ensuite une nouvelle hausse des prix des entreprises qui veulent répercuter cette hausse des salaires.
Cependant, une question importante qui se posera dans la deuxième partie de 2022 sera la remontée des taux d’intérêt. La Banque centrale européenne devra en effet gérer la “fin” de ses politiques monétaires accommodantes (quantative easing) en optant pour une remontée tardive et très progressive des taux d’intérêt, afin de ne pas pénaliser la reprise économique.
De toute façon, seuls 22% des Français jugent le bilan d'Emmanuel Macron positif en ce qui concerne le pouvoir d'achat, selon un sondage* Ifop réalisé pour le JDD.
Source : Le Journal du Dimanche