Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés (Opep+) ont convenu d'une hausse de la production de 648 000 barils par jour en août, comme en juillet, en comparaison des 432 000 barils fixés auparavant, a annoncé l'alliance dans un communiqué à l'issue d'une réunion par visio-conférence.
Le cartel reste donc sur la même ligne après le tournant pris le mois dernier. Jusque-là, et depuis le printemps 2021, il s'était limité à des hausses modestes de ses quotas dans le but de retrouver graduellement le volume pré-Covid.
Pour, Thierry Bros, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste des enjeux d'énergie, la décision est purement « symbolique » : « Il y a deux contraintes à cette décision. La première, c'est leur lien avec la Russie, donc de ne pas trop ouvrir les vannes. Et la deuxième, c'est que la capacité résiduelle inemployée n'est pas forcément extrêmement grande dans l'Opep ou l'Opep+. On est à peu près vers des niveaux assez proches du maximum de production où que l'on soit dans le monde. »
L'Opep+ n'est de fait pas en mesure de compenser le manque de pétrole lié à l'instauration par les États-Unis et l'Union européenne (UE) d'un embargo sur les livraisons russes. Même les premiers de la classe - les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite - auraient du mal à doper leur volume, selon des propos rapportés cette semaine par le président français Emmanuel Macron.
Vers une baisse des prix avec une récession ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, a grimpé de plus de 15%, et son homologue américain, le WTI, de plus de 13%. Ils évoluaient jeudi respectivement autour de 114,27 dollars et 105,20 dollars le baril, après avoir atteint en mars des niveaux inédits depuis la crise financière de 2008.
Face à cette montée en flèche, la France avait de nouveau exhorté lundi les pays producteurs à augmenter leur volume de « manière exceptionnelle ». Le sujet sera au menu de la visite du président américain Joe Biden mi-juillet en Arabie saoudite.
À moins que les craintes de récession ne prennent le dessus et fassent fléchir les cours. « Si les pays vont vers une récession, peut-être qu'on aura besoin de moins de pétrole, analyse Thierry Bros. Or aujourd'hui, on voit que nos stocks sont historiquement bas, mais on voit aussi que les prix élevés du pétrole, mais aussi l'inflation pourraient générer une récession et dans ce cas, on a besoin de moins de pétrole. »
RFI