Espagne : une attaque à la machette dans une église fait un mort
Une enquête a été ouverte pour des faits présumés de terrorisme après l'attaque à la machette perpétrée mercredi soir par un homme dans deux églises d'Algésiras. Il n'avait pas d'«antécédents».
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Le meurtre d'un sacristain victime d'une attaque à la machette dans une église sème la stupeur en Espagne et déchaîne l'extrême droite. « On ne va pas nous faire taire. Mieux vaut prévenir que pleurer ! » Le représentant de Vox dans la localité andalouse d'Algésiras n'a pas tardé à s'emparer politiquement du drame, en lançant des attaques contre l'immigration musulmane.
« Certains ouvrent les portes, d'autres les financent et c'est le peuple qui en souffre, nous ne pouvons pas tolérer que l'islam avance sur notre sol », affirme Santiago Abascal , le leader de la formation ultra, en dénonçant la politique d'immigration jugée trop laxiste du gouvernement de gauche conduit par Pedro Sanchez .
Mercredi soir, un homme faisait irruption successivement dans deux églises à Algésiras, à la pointe sud de l'Andalousie, armé d'un grand couteau et provoquait la panique, frappant mortellement un sacristain et laissant un prêtre grièvement blessé. Le meurtrier présumé, qui aurait agi seul, a été rapidement arrêté. Il est décrit par la police comme un Marocain de 25 ans en situation irrégulière, sans antécédents judiciaires, qui se trouvait sous le coup d'un arrêté d'expulsion depuis juin 2022.
« Combien y en a-t-il comme lui ? »
Tandis que le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer s'il avait des liens avec des groupes radicalisés, les dirigeants de Vox ont déjà tiré leurs conclusions. « Combien y en a-t-il comme lui ? » demande Santiago Abascal en pointant du doigt la responsabilité des politiques « qui leur ouvrent les frontières et les arrosent de subventions ».
La brutalité de l'attentat a provoqué un choc en Espagne car le pays n'avait pas connu de tels actes depuis les attentats de la Rambla de Barcelone, qui avaient fait 16 morts en août 2017. Elle inquiète en Andalousie, et tout spécialement à Algésiras, ville portuaire cosmopolite qui fait face à Tanger dans le détroit de Gibraltar. Tous craignent de voir le drame utilisé pour attiser les tensions dans l'ambiance de précampagne électorale, à l'approche des municipales de mai prochain.
Equilibres fragiles
Si jusqu'ici la ville a vécu sans frictions particulières, les équilibres sont fragiles et les communautés religieuses ont toutes fait part de leur consternation. « Cette personne ne représente pas l'islam ni les valeurs musulmanes », a réagi énergiquement Dris Mohamed Amar, le porte-parole local de la communauté musulmane. Il souligne la bonne entente entre les religions, tout comme d'ailleurs le curé de l'une des deux églises qui avait été ciblée par l'attaquant à la machette.
Même la hiérarchie catholique est sortie de son silence habituel et le représentant de la conférence épiscopale espagnole a averti du « danger de diaboliser les communautés » et appelle à éviter d'identifier le terrorisme aux religions. Mais Vox, qui brandit l'étendard de la « reconquista » chrétienne face à l'islam, a déjà un sujet de campagne tout trouvé pour regagner du terrain face au centre droit aux prochaines élections.