Crack à Paris : le campement de La Villette évacué, un dispositif de police prévu durant plusieurs jours
Le campement de Forceval, dans le nord-est de Paris, où se rassemblaient les consommateurs de crack depuis un an, a été démantelé mercredi par la police, avec l'objectif affiché d'empêcher sa reconstitution ailleurs dans la capitale.
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Le jour ne s'était pas encore levé lorsque les forces de l'ordre ont débuté l'évacuation du square Forceval. C'est dans cet espace vert de la Porte de la Villette, dans le 19e arrondissement de Paris, qu'un campement de consommateurs de crack s'est établi il y a plus d'un an, dans la foulée de l'évacuation des Jardins d'Éole, dans le 18e arrondissement.
Une évacuation définitive?
À la demande de Gérald Darmanin, le campement devait être "définitivement démantelé" par les forces de l'ordre, arrivées avant 7h en compagnie de Laurent Nunez, le nouveau préfet de police de Paris.
Selon les directives du ministère de l'Intérieur, les personnes recherchées devaient être interpellées, les étrangers en situation irrégulière transférés vers un centre de rétention administratif. Les "autres occupants" devaient quant à eux être orientés vers des dispositifs d’hébergement avec accompagnement médico-social ou dans des unités de soins. Certains pouvant être redirigés vers des établissements de santé où des lits avaient été réservés.
Gérald Darmanin a précisé que 1000 policiers seraient mobilisés pour éviter "la reconstitution d'un autre point de fixation".
Des questions sur la prise en charge sanitaire
Si le démantèlement était attendu par les élus et les habitants de ce secteur situé en lisière du département de la Seine-Saint-Denis, la réponse sanitaire peine à les convaincre.
"Les riverains de Paris, de Pantin et d'Aubervilliers ne peuvent être que soulagés de cette intervention", s'est d'abord réjouit François Dagnaud, maire du 19e arrondissement, sur BFMTV, décrivant "une lueur d'espoir après une année de souffrance".
Avant de tempérer son propos: "La question reste de savoir si les dispositifs médico-sociaux, les dispositifs d'accompagnement de ces usagers de drogue seront à la hauteur du défi". Ils sont à ce jour insuffisants aux yeux de l'élu.
Karine Franclet, maire d'Aubervilliers, a elle aussi salué "une très bonne nouvelle, parce que ça fait un an qu'on avait subi ce déplacement sans concertation, qui avait vraiment été extrêmement violent, qui avait crée un sentiment de relégation terrible pour les habitants", à l'origine de nuisances, d'insalubrité et d'un sentiment d'insécurité pour ses administrés.
Pour autant, pas question pour l'édile de crier victoire. "Ça ne s'arrête pas là, tient-elle à tempérer. J'ai pu avoir ce matin un échange avec le préfet de police. On avait un rendez-vous le 10 octobre, qui est maintenu, et on souhaite aussi être associés à ce plan crack pour qu'une solution pérenne soit trouvée."
"Et rebelote"
Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris, a pour sa part fait montre de pessimisme quant à la suite des événements, craignant que le scénario qui a suivi les précédents démantèlements se répète.
"Et rebelote, a-t-elle fustigé sur Twitter. Pourquoi, Laurent Nunez, recommencer le même processus: évacuer sans solution construite de prise en charge préalable? Comment penser que ces usager.es de drogues en déshérence sociale ne vont pas se retrouver entre Stalingrad et halls d’immeuble?"
À en croire Stéphanie Benoist, porte-parole du collectif "Villette Village", des riverains du quartier de Stalingrad ont d'ores et déjà fait état de "toxicomanes épuisés qui errent dans les rues" ce mercredi matin.
Frédéric Francelle, membre du collectif "Paris 19". affirme que d'autres ont été repérés à Porte de la Chapelle ou à Porte de Clignancourt.
La crainte d'une reformation du campement
Selon ces deux habitants du 19e arrondissement, usagers de stupéfiants et dealers auraient fui le square Forceval au cours de la nuit, avertis par des associations qu'une opération de police se profilait.
"Quel est leur rôle réel dans cette histoire?, se demande Stéphanie Benoist à notre micro. (...) L'idée aurait été quand même de les mettre à l'abri ces gens-là et de les soigner, ce qui était prévu par cette opération de police ce matin." Frédéric Francelle complète: "Ce qui nous inquiète, c'est de savoir où ils sont passés. (...) Où est-ce qu'ils vont resurgir?"
Dans ce contexte, Stéphanie Benoist se dit elle aussi "sceptique" et "attend de voir quel dispositif de sécurité va être mis en place pour assurer que ce camp ne soit pas réoccupé". À l'instar de Karine Franclet, de François Dagnaud ou d'Anne Souyris, Stéphanie Benoist et Frédéric Francelle estiment que le démantèlement des tentes "ne suffit pas".