Covid-19 : ce que l’on sait de XBB, ce sous-variant d'Omicron qui pourrait arriver en France
Ce sous-variant, qui représente désormais 40% des nouvelles contaminations aux États-Unis, circule encore très peu en France.
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C'est un sous-variant qui "sur-performe". La mutation XBB 1.5 du variant Omicron du Sars-CoV-2 est en train de se propager à très grande vitesse aux États-Unis. En à peine un mois, cette souche est passée de moins de 5% des contaminations constatées à plus de 40 %.
"On n'avait pas vu une telle vitesse de propagation depuis l'émergence d'Omicron à la fin de 2021. C'est impressionnant", souligne Lawrence Young, virologue à la Warwick Medical School. Un constat partagé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a qualifié, mercredi 4 janvier, XBB 1.15 de "variant d'Omicron le plus transmissible à ce jour".
Mutation d'une recombinaison de sous-variants d'Omicron
Cette souche est une version 3 voire 4.0 du virus Sars-CoV-2, puisqu'il ne s'agit pas seulement d'un sous-variant du Covid-19. "C'est une mutation d'une recombinaison de variants d'Omicron", précise Jonathan Stoye, virologue et responsable de recherche au Francis Crick Institute de Londres.
En effet, la lignée "XBB" dont il est issu a cette particularité d'être une recombinaison de deux variants d'Omicron. Contrairement aux souches qui sont le résultat de mutations d'un "parent" viral - le plus fréquent -, "la recombinaison intervient généralement au sein d'un individu infecté par plusieurs variants qui fusionnent entre eux", résume Lawrence Young.
Et la souche "1.5" ajoute une nouvelle mutation à cette recombinaison qui semble être à l'origine de sa transmissibilité express. XBB 1.5 dispose en fait de deux spécificités : cette mutation se révèle très résistante aux vaccins tout comme à l'immunité développée après une contamination à Omicron, et ce variant "s'accroche plus facilement et solidement aux cellules du corps humain pour les infecter", note Lawrence Young.
Sa résistance est un héritage. "Elle était déjà présente chez les autres sous-variants XBB et la nouvelle mutation ne l'a pas altérée", souligne Simon Clarke, chercheur en maladies infectieuses à l'université de Reading. Le grand changement, qui se situe à la position 486 du code génétique du virus, "transforme la protéine Spike - la fameuse clé qui permet au virus d'ouvrir la porte des cellules - pour qu'elle s'accroche plus facilement au récepteur", poursuit le chercheur britannique.
D'où une transmissibilité XXL. En effet, "si vous avez un virus qui infecte plus facilement les cellules, vous avez besoin de moins d'agent pathogène pour contaminer une personne", résume Simon Clarke, qui précise cependant qu'il peut aussi y avoir d'autres facteurs à l'œuvre favorisant la propagation (par exemple si ce variant provoque davantage de toux).
XBB 1.5 à la conquête du monde ?
XBB 1.5 présente donc un profil qui semble lui garantir un destin mondial. Le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, a d'ailleurs appelé à la plus grande vigilance vis-à-vis de ce virus. "J'espère que nous passerons l'hiver avant qu'un tel variant se propage chez nous", a-t-il indiqué en référence à une potentielle surcharge du milieu hospitalier déjà très occupé par les cas de virus saisonnier comme la grippe.
Au Royaume-Uni aussi, la trajectoire de XBB 1.5 commence à ressembler à celle des États-Unis. "Il n'y a pas de raison pour que le reste du monde échappe à ce variant", assure Jonathan Stoye.
Mais il ne sera peut-être pas aussi rapide à s'imposer partout. "Il faut aussi prendre en compte le profil immunologique des populations", souligne Lawrence Young. Dans les régions nord-américaines où XBB 1.5 s'est propagé le plus rapidement, il est probable que le mix de variants qui circulaient avant l'apparition de cette nouvelle souche ne produisait qu'une immunité faible contre ce type de variant à ceux qui avaient déjà contracté le Covid-19, estime ce virologue. En outre, "la campagne de rappel vaccinal aux États-Unis a été moins efficace que dans d'autres pays, notamment en Europe", souligne Lawrence Young.
De ce fait, même si cette nouvelle souche échappe plus facilement aux immunités vaccinales (y compris les rappels spécifiques pour le variant Omicron), il n'en demeure pas moins qu'en Europe "il y a davantage de barrières de protection", note Jonathan Stoye.
La grande inconnue reste la virulence de XBB 1.5. La vague de contaminations qui sévit actuellement aux États-Unis a entraîné une hausse des hospitalisations d'un peu plus de 4 % par rapport à la semaine dernière. Il en va de même pour les admissions dans les services de soins intensifs, qui sont en hausse de 9 %. Rien d'étonnant à cela : "Un variant qui circule plus vite, atteindra aussi plus facilement et rapidement les personnes les plus à risque", note Lawrence Young.
Surtout, les régions les plus frappées par XBB 1.5. ne connaissent pas une aggravation particulière de la situation sanitaire par rapport aux États américains où le nouveau variant n'est pas encore majoritaire. "Les données actuelles aux États-Unis suggèrent que cette nouvelle mutation n'est pas plus dangereuse que d'autres versions du variant Omicron", avance Simon Clarke, tout en indiquant qu'il s'agit pour l'instant d'un échantillon encore faible de cas.
Même si XBB 1.5 ne s'avère finalement pas plus virulent que ses cousins, ce n'est pas une raison pour le traiter avec nonchalance. Un virus qui se propage aussi vite à toutes les chances d'engendrer à son tour des sous-variants de sous-variants. Jusqu'à ce que l'une de ces créations s'avère être réellement plus virulente que toutes les autres. Pour Jonathan Stoye, XBB 1.5 "doit vraiment être une piqûre de rappel que la pandémie n'est pas encore finie".