Hôpitaux engorgés, déserts médicaux croissants, "perte de sens" du métier pour les personnels... la crise de l'hôpital public n'en finit plus malgré le Ségur de la santé organisé en juillet 2021. Emmanuel Macron a confié, mardi 1er juin, une mission d'un mois au professeur François Braun, président de Samu-Urgences de France pour diagnostiquer la crise des services d'urgence.
François Braun devra remettre ses conclusions "au plus tard le 1er juillet" à la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, a précisé le chef de l'État à l'issue d'une visite au centre hospitalier de Cherbourg.
Son rapport "aura vocation à expliquer, territoire par territoire, là où sont les manques, de pouvoir les chiffrer", en particulier les questions de manque de personnel.
Sur cette base, a expliqué le président, des décisions seront prises "pour permettre de mobiliser davantage de médecins, retrouver de l'attractivité dans certains secteurs (...). Ceci à partir de la fin de l'été sera décliné dans chaque territoire".
Accès aux soins de plus en plus difficile
Fermetures de nuit, "délestages" sur d'autres hôpitaux, accès filtrés par les Samu : au moins 120 services d'urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent.
Au total, quasiment 20 % des quelque 620 établissements – publics et privés – hébergeant un ou plusieurs services d'urgence sont touchés. À Cherbourg, à moins d'une urgence vitale, seul un appel préalable au 15 peut ainsi permettre une admission à certaines heures.
Sur tout le territoire, l'accès aux soins de ville devient en outre de plus en plus difficile en raison d'un manque de médecins et d'une saturation des maisons de santé.
"Il y a urgence à agir pour assurer la continuité des soins partout dans les territoires, non plus dans quelques années mais dans quelques semaines", s'est alarmé le président de l'Ordre national des infirmiers, Patrick Chamboredon.
Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), des revalorisations doivent être décidées sans délai et l'hôpital public ne pourra plus, à l'avenir, pallier les faiblesses de tout le système de santé.
Le président Macron, rappelant les changements engagés dans son premier mandat – fin du numerus clausus, Ségur de la santé, etc – a appelé à 'une "vraie révolution collective" du système de santé. À l'issue d'une table ronde avec "tous les acteurs de la santé" (urgentistes, infirmiers, médecins généralistes, administration), Emmanuel Macron a également précisé lancer "à partir de juillet" sa grande conférence sur la santé avec toutes les parties prenantes.
France 24