Dans une enquête publiée ce vendredi par franceinfo, la Fédération française de football est pointée du doigt sur la question des droits humains au Qatar, sujet en lien avec la Coupe du monde qui aura lieu à partir du 20 novembre prochain. L’organisation non gouvernementale Amnesty International a multiplié ces derniers mois les invectives à l'encontre de la FFF et de son inaction. En septembre, l'ONG demandait à l'instance de "ramener la coupe à la raison", souhaitant une mise à l'action avec des actes concrets, à l'image d'autres fédérations.
"Quand on fait le tour de table avec les collègues des autres pays d'Europe lors de nos réunions bimensuelles, j'ai honte, confie à la radio publique Lola Schulmann, chargée de plaidoyer pour Amnesty International France. J'ai envie de dire: 'Je passe dans un tunnel, la connexion est mauvaise'..."
"On sent l'influence du Qatar en France"
"On sent l'influence du Qatar en France, notamment avec le PSG", confie de son côté Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch, elle aussi interrogée par franceinfo. "Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne nous aide pas. Ça a même un effet paralysant!", ajoute-t-elle.
D'autres pays européens ont adopté des postures différentes sur ce sujet, selon les ONG. Depuis 2015, la Fédération danoise de football collabore avec Amnesty International. Des messages défendant les droits humains s'afficheront par exemple sur le maillot des derniers demi-finalistes de l'Euro. "On va participer mais on ne va pas vendre l'image du pays hôte, ce qu'on fait d'habitude", a déjà expliqué Jakob Jensen, le patron du football danois.
La ministre des Sports ne va "pas lâcher" la FFF
Pendant ce temps, Noël Le Graët, président de la FFF, a tenu des propos "choquants", selon la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra. Après avoir visionné des images des conditions de vie insalubres de travailleurs sous-traitant de l'hôtel des Bleus au Qatar, le dirigeant français a répondu à France 2: "C'est pas insoluble ça, c'est des coups de peinture. Il y a encore le temps de réparer ça. Je peux vous montrer plein d'images comme ça dans plein de pays, même peut-être pas loin d'ici."
"Cette réaction m'a choquée, j'ai trouvé qu'elle était hors-sol (...) qu'elle manquait d'humanité et même de lucidité", a répondu la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra sur RTL. "Il faut que la FFF prenne sa part de responsabilité et fasse tout ce qui est en sa capacité pour que sur le sujet des conditions de travail, du respect des droits humains sur son camp de base, la situation s'améliore. Par rapport aux images très choquantes qu'on a vues hier, des réactions s'imposent".
Début octobre, la ministre avait adressé un courrier à la FFF lui demandant de fournir des preuves de son action concernant les droits de l'homme lors de la Coupe du monde au Qatar. "J'ai eu un premier retour qui honnêtement n'a pas levé les doutes, donc je ne vais pas les lâcher sur le sujet, a expliqué la ministre. Je veux qu'on soit vigilant et irréprochable (...). Ils se sont engagés à se retrouver sur place dans les tous prochains jours, ils doivent faire le job".
BFMTV