Mercato: comment la Premier League a encore assis sa toute puissance sur le football mondial
Les clubs de l'élite britannique ont déboursé plus de 800 millions d'euros en janvier, un record pour la fenêtre de transferts hivernale. Une explosion portée surtout par le club londonien de Chelsea, qui s'est servi d'une faille dans le règlement de l'UEFA pour dépenser (presque) sans compter.
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Tout ceci a-t-il encore un sens ? Peut-on parler de logique sportive quand la folie règne en maître sur le marché ? Ce mercato d'hiver, vous savez le fameux mercato "d'ajustements", eut des allures de révolution désorganisée, déraisonnée, inflationniste et excessivement risquée chez Chelsea.
Après les huit recrues de l'été, huit ont débarqué à Londres ces derniers jours. Après les 281 millions de l'été dernier, c'est 330 millions que Chelsea a claqués cet hiver. Depuis l'arrivée de Todd Boehly à la tête du club, c'est plus de 610 millions qui ont été injectés sur le marché. Le Chelsea de Graham Potter en 2023 est-il une meilleure équipe que celui de Tuchel en 2021 ?
Quoiqu'il en soit, ce mercato de tous les records dans cette période a de quoi interroger quant à la dynamique du marché, et son équité. En l'état, Chelsea a plus dépensé que la Bundesliga, la Ligue 1, la Serie A et la Liga réunis.
121 MILLIONS POUR ENZO FERNANDEZ, VRAIMENT ?
Dans le détail, Chelsea s'est offert des joueurs d'avenir, alléchants, emballants mais encore inconstants.
Qu'Enzo Fernandez soit devenu la recrue la plus chère de l'histoire de Premier League, après seulement 29 matches en Europe et une excellente Coupe du monde, interroge quant à la logique d'un tel investissement.
Que Mykhailo Mudryk rejoigne le cercle de moins en moins fermé des joueurs à 100 millions d'euros après seulement douze matches de C1 disputés avec le Shakhtar Donetsk renforce encore ce constat.
Que Chelsea ait accepté un prêt payant sans option d'achat à onze millions d'euros symbolise aussi cette consommation quasi-maladive, sans vraie réflexion autre que celle sous urgence comptable de points. Au mieux - dans une configuration utopique où Chelsea va en finale de C1 -, il disputera 24 matches avec les Blues.
Que Malo Gusto ait coûté 30 millions sans qu'il ne rejoigne l'effectif à un poste où les absents sont nombreux dit aussi beaucoup de la volonté des Blues de prendre les devants sur ses concurrents en vue des prochains mercato. Il montre aussi que Chelsea oublie parfois d'assurer ses arrières.
CONTRATS LONGS : ET SI ÇA NE MARCHE PAS ?
Tous ces jeunes joueurs ont un point en commun, au-delà de leur âge : la durée de leur contrat. Dans un souci d'amortissement, pour lisser le coût de leur transfert sur le plus d'années possibles - un bricolage comptable en somme, les Blues ont offert des baux révolutionnaires ou presque à l'échelle du football européen. Fernandez (2031), Mudryk (2031), Benoît Badiashile (2030), Noni Madueke (2030), Gusto (2030), Andrey Santos (2030) et David Datro Fofana (2029) sont donc liés pour six ans, minimum, avec Chelsea. Sur le papier, c'est aussi une manière de s'éviter des attaques de clubs adverses si leur potentiel venait à se confirmer. Un vrai danger malgré tout.
Pourquoi Chelsea a le droit de faire signer des contrats aussi longs ?
Que se passera-t-il si ces joueurs venaient à ne pas confirmer les attentes placées en eux ? Salaires royaux et inaccessibles pour la majorité du continent, baux longs : vous obtenez une liste d'indésirables invendables. Paris et sa litanie de joueurs prêtés pourrait l'expliquer aux dirigeants des Blues : blinder des contrats, c'est une stratégie qui peut aussi se retourner contre vous. On ne leur souhaite pas, bien sûr. Mais sur les huit recrues, combien vont jouer un rôle déterminant dans l'avenir proche et plus lointain de Chelsea ? Une petite moitié serait déjà un sacré tour de force.
POTTER A DÉSORMAIS 33 JOUEURS POUR 11 PLACES
Arraché à Brighton, Graham Potter se retrouve désormais encore plus sous pression. En crise de résultats, Chelsea doit se reprendre rapidement au championnat pour espérer accrocher une Ligue des champions vitale pour un club de cette envergure. Toutes ces arrivées viendront compenser dans un premier temps la pénurie qui a touché l'effectif londonien. A moyen terme, comment faire cohabiter 33 joueurs pour onze places ? Avec, d'un côté, la nécessité de redresser la situation et, de l'autre, la demande express de faire grandir les jeunes actifs achetés à prix d'or.
Trop occupé à boucler l'arrivée d'Enzo Fernandez, Chelsea impose même à son entraîneur de relancer un Hakim Ziyech qui était déjà à Paris dans son esprit. En parlant de joueurs à relancer : bon courage à Potter pour impliquer ceux laissés de côté pour la liste en Champions League. En l'état, Chelsea ne peut en ajouter qu'un seul pour atteindre 25 noms. Pour que les autres viennent se greffer, il faudra en retirer certains insérés en septembre dernier. Bonne ambiance garantie…