Coupe du monde de rugby: face aux All Blacks, l’Afrique du Sud rêve d’un quatrième sacre
En demi-finale, les Néo-Zélandais ont éreinté les Argentins (44-6) dans un match à sens unique, exact inverse de la partie d’échecs qui a vu les Sud-Africains arracher la victoire aux Anglais in extremis (16-15). Les deux géants triples champions du monde se retrouveront en finale au Stade de France samedi 28 octobre.
Table of Contents (Show / Hide)
![Coupe du monde de rugby: face aux All Blacks, l’Afrique du Sud rêve d’un quatrième sacre](https://cdn.gtn24.com/files/france/posts/2023-10/3f87c6b5-4583-47e1-83c5-df26fca0371f.webp)
« Le passé ne compte pas : c’est une finale de Coupe du monde. » Le sélectionneur adjoint des Springboks, Deon Davids, a donné le ton de la finale du Mondial de rugby 2023, qui opposera samedi 28 octobre, au Stade de France, l’Afrique du Sud, championne du monde en titre et numéro une mondiale, face à la mythique Nouvelle-Zélande, sa dauphine au classement.
Les deux sélections, déjà triplement titrées dans la compétition (1995, 2007, 2019 pour les Boks, 1987, 2011, 2015 pour les All Blacks), rêvent, chacune, de décrocher un quatrième titre planétaire record. Elles ont un passé bien riche en Coupe du monde : cinq confrontations dans l’histoire, avec trois victoires pour les All Blacks, mais une en finale pour l’Afrique du Sud. Les hommes de Jacques Nienaber n’ont plus battu ceux de Ian Foster dans un Mondial depuis… 1999.
24 juin 1995 : la victoire de tout un pays
En 1995, se tient la première Coupe du monde en Afrique du Sud. C’est d’ailleurs la première participation du pays à la compétition, lui qui en avait été exclue du fait de l’apartheid qui sévissait alors (régime de ségrégation raciale, aboli en 1991).
« Cette Coupe du monde et le rugby ont joué ce rôle d’unir un peuple, comme aucune politique n’aurait réussi à le faire en si peu de temps », confiait dans nos colonnes le troisième ligne Abdelatif Benazzi.
À Johannesburg, les Springboks sont en mission. Ils passent les poules sans difficulté, écartent facilement les Samoa en quarts de finale (42-14). En demie, ils dominent les Bleus (19-15), dans un match considéré par le sélectionneur de l’époque Pierre Berbizier comme « l’une des plus grandes escroqueries de l’histoire du sport ». Trois essais sont refusés aux Français, dont celui d’Abdelatif Benazzi dans les derniers instants de la rencontre, qui aurait dû envoyer les Bleus en finale.
« À cette époque, l’Afrique du Sud n’était pas du tout favorite au titre. Ils n’étaient pas très beaux rugbystiquement. Mais ils sont arrivés au bout, ont été sacrés champions du monde. Sans doute avec l’aide des arbitres ou de la politique, Dieu seul le sait. Mais quand on voit ce qui en ressort, il fallait que ce pays soit champion du monde », commentait encore le héros malheureux de cette demi-finale dans nos colonnes.
En finale, les Boks affrontent les Blacks. Ils créent la surprise en arrachant la prolongation. Ils finissent par s’imposer dans la douleur (15-12, ap) grâce au jeu au pied de leur ouvreur Joël Stransky. Même Jonah Lomy, auteur de sept essais dans ce Mondial, sera impuissant en finale. L’ailier évoquera une « force spirituelle » venue de Nelson Mandela auprès des Springboks, suggérant que le président sud-africain « avait fait un rêve et (que) ce rêve était trop grand pour nous les All Blacks ». D’autres évoqueront plutôt l’intoxication alimentaire dont ont été victimes dix Néo-Zélandais deux jours avant la finale. Qu’importe. Ce sacre-là, sous les yeux de Nelson Mandela, fut celui de tout un peuple.
4 novembre 1999 : la dernière victoire des Boks sur les Blacks en Coupe du monde
En 1999, l’Afrique du Sud, versée dans la poule A, domine largement ses trois adversaires (Écosse, Espagne, Uruguay) et termine première de son groupe. La Nouvelle-Zélande fait de même, en dominant les Tonga, l’Angleterre et l’Italie. En quarts de finale, les deux nations de l’hémisphère sud ne font pas dans le détail : l’Afrique du Sud écrase l’Angleterre (44-21), quand les All Blacks viennent à bout de l’Écosse (30-18). Mais à Twickenham, l’histoire s’arrête : le XV de France, qui se rappelle trop bien de l’échec en demi-finales en 1995, veut aller au bout. Les Bleus ne font qu’une bouchée des Blacks, pourtant archi-favoris, dans un match resté dans les mémoires (43-31). Les Boks, eux, butent sur les futurs champions du monde australiens (27-21).
Les meilleurs ennemis de l’ovalie se retrouvent alors en petite finale, à Cardiff. Devant 50 000 spectateurs, dans un match serré, les Springboks prennent le meilleur sur leurs adversaires du soir et se consolent avec la médaille de bronze (22-18). C’est la dernière victoire des Springboks en Coupe du monde sur les All Blacks.
8 novembre 2003 : un festival des All Blacks en quarts
En 2003, les deux pays ont perdu du terrain sur la scène mondiale. Les nations de l’hémisphère nord commencent à les concurrencer. L’Afrique du Sud en fait les frais dès les phases de poule, en Australie, en recevant une leçon du XV de la Rose (6-25). Les Blacks et les Boks se retrouvent dès les quarts de finale, à Melbourne. Le Néo-Zélandais Justin Marshall donne le ton à l’entame de match : il surprend toute la défense, avec une percée de près de 60 mètres, conclue par une première pénalité. Dix minutes plus tard, c’est au tour de Carlos Spencer de se faufiler dans la défense et d’offrir le premier essai à Macdonald.
Les Sud-Africains sont étouffés, surdominés : ils encaissent trois essais et un drop, et ne parviennent qu’à passer de pauvres pénalités (3). En seconde période, les All Blacks changent du tout au tout leur stratégie et axent leur jeu sur les avants. Et ça paye encore. Le score final est très large : 29-9.
24 octobre 2015 : Dan Carter régale en demi-finales
Date : 2015. Lieux : Angleterre et pays de Galles. Contexte : les All Blacks ont, quatre ans plus tôt, conquis leur deuxième couronne mondiale et sont les grands favoris. La Nouvelle-Zélande boucle son premier tour avec quatre victoires, dont trois bonifiées, soit 19 points sur 20 possibles. L’Afrique du Sud, à l’inverse, craque dès son entrée en lice face au Japon (34-32). Un exploit connu sous le nom de « miracle de Brighton ». Cela ne les empêche pas de finir premiers de leur poule et de filer en quarts de finale.
Dans la douleur, ils écartent le pays de Galles (23-19), tandis que la Nouvelle-Zélande humilie les Bleus (62-13). Pour la quatrième fois de leur histoire, les deux nations de l’hémisphère Sud se retrouvent en Coupe du monde. À Twickenham, les hommes en noir sont dominés et pénalisés. Leurs nombreuses fautes donnent l’avantage au score aux Boks à la pause (12-7). Mais l’ouvreur Dan Carter change la donne au retour des vestiaires, en passant un drop (46’), transformant l’essai de Barrett (52’), puis convertissant une pénalité (60’). Passés devant au score, les All Blacks conservent leur avance jusqu’au bout et s’imposent 20 à 18. Une semaine plus tard, le XV de la Fougère s’offre les Wallabies en finale (34-17) et un doublé mondial.
21 septembre 2019 : une défaite en poule, puis le sacre pour les Boks
Versés dans la même poule en 2019, lors du Mondial au Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud se retrouvent dès leur premier match. Un choc aux allures d’une finale. À Yokohama, la rencontre est de très haute intensité. La fougue néo-zélandaise (deux essais de Barrett et Bridge) prend le dessus sur la densité des Boks. Plus vifs, les All Blacks s’offrent un premier succès de prestige (23-13).
Quelques semaines plus tard, les Néo-Zélandais seront écartés en demi-finale par l’Angleterre (19-7). Une défaite inaugurale face aux hommes en noir, qui n’empêchera pas les Springboks d’être sacrés champions du monde…