France: Youcef Atal, défenseur de l'OGC Nice, condamné à 8 mois de prison avec sursis
Youcef Atal, footballeur international algérien de l'OGC Nice, a été condamné à huit mois de prison avec sursis mercredi 3 janvier pour avoir partagé une vidéo appelant à « un jour noir sur les juifs », sur fond de conflit entre Israël et le Hamas.
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Pour avoir partagé une vidéo appelant à «un jour noir sur les juifs» sur fond de conflit entre Israël et le Hamas, l’international algérien a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Nice.
Il n’y a eu aucune animation particulière pour l’annonce de la décision concernant Youcef Atal, le joueur de l’OGC Nice, condamné, mercredi, à huit mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende pour provocation à la haine par le tribunal de Nice (Alpes-Maritimes). Ni l’international algérien ni sa défense, Mes Tom Michel et le médiatique Antoine Vey, n’étaient présents. Seuls l’avocat du Crif sud-est, Me David Rebibou, et l’élu Reconquête! au conseil municipal niçois, Philippe Vardon, semblaient attendre le délibéré avec impatience, prêts à répondre aux journalistes dans la salle des pas perdus.
L’ancien Aiglon, contrairement au 18 décembre où il s’était présenté à la barre pendant près de trois heures accompagné par des militants propalestiniens, se trouvait au même instant à l’entraînement avec les «Fennecs» en préparation de la Coupe d’Afrique des Nations. La veille, il avait partagé une photo d’un terrain de foot avec vue sur la mer. Contacté par Le Figaro, Me Vey confirme que son client a quand même été tenu au courant et qu’ils s’exprimeront d’ici ce soir. Un appel n’est pas exclu.
35 secondes avaient suffi à envoyer Youcef Atal (27 ans) devant le tribunal niçois. Sur son compte Instagram, l’ancien défenseur latéral du Gym avait repartagé une courte vidéo pour le moins controversée cinq jours seulement après les massacres du 7 octobre commis par le Hamas en Israël. Un prédicateur palestinien, Mahmoud Al Hassanat, appelait Dieu à envoyer «un jour noir sur les Juifs». Contexte très mal choisi et acte dont s’étaient scandalisés les élus locaux Reconquête!, le maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons) et même le préfet des Alpes-Maritimes. Ces signalements au procureur de la République avaient permis l’ouverture d’une procédure judiciaire.
Contrepartie à la notoriété
«C’est une satisfaction pour le Crif sud-est car elle a été la première à déposer plainte, a souligné Me Rebibou. Il faut que les personnes qui profitent de leur notoriété comprennent qu’il y a une contrepartie et qu’elles réfléchissent aux contenus qu’elles partagent», a-t-il ajouté, y voyant un exemple et «une peine assez conséquente». Philippe Vardon s’est lui félicité que le joueur ne soit plus affilié à Nice et à son club. «Qu’ils reprennent un avion pour l’Algérie et qu’on entende plus parler de lui ici», a-t-il tancé. En le déclarant coupable, le tribunal de Nice a également rejeté l’exception en incompétence.
Lors du procès, Atal s’était montré plus discret que sur le terrain, où il est réputé pour ses courses de feu follet. Accompagné d’un interprète, il avait soutenu «ne pas avoir regardé la vidéo jusqu’à la fin», ne pensant ainsi relier qu’un «message de paix». Ses avocats avaient insisté en ce sens. Dans les premières secondes, le prédicateur s’attristait, en langue arabe, du sort des enfants à Gaza avant de tenir des propos davantage provocants et guerriers. «Je ne suis pas antisémite, je n’ai de haine contre personne», avait soutenu le footballeur professionnel en s’excusant.
«Faits graves»
Insuffisant pour convaincre le parquet niçois, qui avait requis dix mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende. La vice-procureur, Meggie Choutia, n’avait en aucun cas voulu banaliser «des faits graves». Elle avait aussi souligné que cela pouvait encourager des passages à l’acte - qui se multipliaient déjà à ce moment-là en France et à Nice -, d’autant plus que le joueur jouit d’une certaine aura avec plus de 3,2 millions d’abonnés.
Il fallait aussi se remémorer que l’auteur de l’attentat de la basilique de Notre-Dame de Nice en 2020 avait visionné avant ses coups de couteau mortels à trois personnes, des propos de ce même imam, Mahmoud Al Hassanat. Et il fallait encore se souvenir qu’Atal, quelques jours après cet attentat, avait aimé la publication d’un combattant tchétchène de MMA qui s’en prenait aux caricatures du prophète en russe. Des antécédents peu flatteurs pour le cas Atal. La vice-procureur avait ainsi rappelé qu’en vivant sur la Côte d’Azur depuis 2018, il ne pouvait ignorer les tensions autour de ces sujets.
Depuis cette vidéo repartagée, l’international algérien n’a plus reporté le maillot rouge et noir de l’OGCN (six matchs, un but) et malgré un message d’excuse sur son compte, il avait écopé de sept matchs de suspension par la Ligue de football professionnel (LFP), également partie civile. Atal n’avait rejoué qu’avec son équipe nationale à trois reprises. Parmi les «Fennecs», il avait reçu du soutien sur cette affaire. Le parquet avait requis que la décision de justice devait être publiée sur son compte pendant un mois mais le tribunal n’a décidé que d’une publication obligatoire dans les journaux Nice-Matin et Le Monde.