La science est, elle aussi, victime de la guerre en Ukraine. L’Agence spatiale européenne (ESA) a acté ce jeudi la suspension de la mission russo-européenne ExoMars à la suite de l’arrêt de la coopération avec l’agence spatiale russe Roscosmos. Le chef de l’Agence spatiale russe, Dmitri Rogozine a regretté cette décision. « C’est un évènement très amer pour tous les enthousiastes spatiaux », a-t-il écrit sur Telegram. « C’est très regrettable », a-t-il ajouté.
« Suite à la décision de Roscosmos de retirer son personnel du port spatial européen en Guyane française, toutes les missions dont le lancement était prévu par le véhicule spatial russe Soyouz ont été suspendues », a indiqué l’ESA dans un communiqué à l’issue d’une réunion de son conseil ce jeudi à Paris. Les lancements de nombreuses missions de l’ESA reposaient jusqu’ici sur l’utilisation du lanceur russe Soyouz depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française.
Dans le cas de la mission ExoMars, les astronomes prévoyaient l’envoi en septembre d’un rover de l’ESA à destination de la planète Mars, à l’aide d’un lanceur et d’un atterrisseur russes. Or Roscosmos a riposté aux sanctions européennes, imposées à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, en suspendant ses lancements de Soyouz depuis Kourou et en en rappelant son équipe d’une petite centaine d’ingénieurs et techniciens.
Le conseil de l’agence spatiale européenne a chargé son directeur de lancer une étude industrielle rapide pour relancer ExoMars et des alternatives pour les autres missions.
L’ESA a annoncé rechercher des alternatives pour le lancement de quatre autres missions, menées en collaboration avec la Russie. Il s’agit notamment de deux satellites destinés à la constellation européenne de localisation Galileo, de la mission scientifique Euclid et de la mission européo-japonaise d’observation de la Terre EarthCARE.
« Un manifeste de lancement solide pour les besoins de lancement des missions de l’ESA, y compris pour les engins spatiaux dont le lancement était initialement prévu par Soyouz depuis Kourou, sera soumis aux États membres », a indiqué l’agence spatiale européenne.
Le conseil a également évoqué la situation de la station spatiale internationale (ISS), où cohabitent actuellement quatre Américains, deux Russes et un Allemand, affirmant que le programme « continuait de fonctionner ». L’objectif selon l’ESA est désormais de « poursuivre les opérations sûres de l’ISS, y compris le maintien de la sécurité de l’équipage ». Le Directeur général a par ailleurs déclaré son intention de convoquer une session extraordinaire du Conseil dans les semaines à venir « pour soumettre des propositions spécifiques à la décision des États membres ».
Initialement prévu en 2020, le lancement d’ExoMars avait été reporté à cause de la pandémie de Covid, à septembre 2022. Il est aujourd’hui plus que compromis à cause d’une fenêtre de tir vers la planète rouge qui ne s’ouvre que… tous les deux ans.
Le Parisien