À Lyon, le musée des Confluences présente une exposition sur les grandes épidémies humaines
Peste, variole, choléra, grippe de 1918, sida et très récemment Covid-19… Depuis des millénaires, les épidémies touchent les sociétés humaines ainsi que les autres espèces animales.
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Découvrez l'exposition temporaire "Épidémies : Prendre soin du vivant" au musée des Confluences de Lyon, du 12 avril 2024 au 16 février 2025, et explorez l'impact historique des grandes pandémies jusqu'à nos jours.
De la peste au Covid-19, en passant par la variole, le choléra, la grippe espagnole et le Sida, ces maladies ont marqué notre histoire. Mais connaissez-vous vraiment leur impact sur nos sociétés humaines et animales ?
C'est ce que propose de découvrir le musée des Confluences de Lyon à travers l'exposition temporaire "Epidémies. Prendre soin du vivant", du 12 avril 2024 au 16 février 2025. Dans cette exposition, le visiteur "suit le fil d'une enquête anthropologique et historique pour mieux comprendre le fonctionnement des grandes épidémies", présente Hélène Lafont-Couturier, directrice générale du musée des Confluences, depuis le néolithique jusqu'à nos jours. À travers des collections d’ethnographie, de médecine et d’histoire naturelle, ainsi que des œuvres contemporaines, le visiteur explore les enjeux de la santé publique et l'évolution des sociétés face aux défis sanitaires majeurs.
"Ce projet, bien antérieur au Covid-19, s'inspire de l'exposition "Outbreak : Epidemics in a Connected World" à Washington DC, présentée de 2018 à 2021 par la Smithsonian Institution au National Museum of Natural History (NMNH)", explique Hélène Lafont-Couturier. L'exposition Épidémies se concentre davantage sur l'histoire longue. La récente pandémie n’est qu’évoquée et les futures sont suggérées à travers, notamment, une sculpture de verre grand format représentant un virus fictif ayant subi des mutations factices, réalisée par Luke Jerram, un plasticien britannique.
De la "peste" antonine à la peste noire en passant par la peste justinienne
C'est sur ces œuvres, représentant des virus et bactéries pathogènes selon Luke Jerram, que s'ouvre l'exposition. Cette introduction établit le ton pour une exploration approfondie des origines, des développements historiques et des réponses sociétales aux épidémies à travers le temps.
Le contexte posé, le parcours guide les visiteurs à travers le temps des grandes pandémies. Le visiteur s'attarde sur l’Antiquité et le Moyen Âge, explorant une Europe frappée par les premières grandes pestes : la peste antonine, sous le règne de Marc Aurèle et à la peste justinienne du sixième siècle. L’exposition analyse l’impact de la quête de territoire, des villes densément peuplées et des échanges commerciaux transfrontaliers en tant que déclencheurs d'épidémies.
Près d'une représentation de Gallien, célèbre pour sa théorie des "humeurs", se trouvent de longues tiges métalliques à manche de bois brillant sous une lumière tamisée : elles servaient à cautériser des plaies ou à administrer l'extrême-onction sans trop s'approcher des malades de la peste. Elles marquent le début de prises de mesures de prévention, de contrôle des malades et des marchandises, et de soins lors de la seconde pandémie de peste entre 1347 et 1352, la peste noire.
Variole et grippe "espagnole" : une nouvelle échelle épidémique
L'exposition s’ouvre ensuite à une nouvelle échelle épidémique à travers la variole et la grippe dite "espagnole". Elle explore à nouveau les relations entre la science et la société en abordant la question de la "colonisation sanitaire" et ses conséquences tragiques sur les populations amérindiennes, contribuant ainsi à transformer les épidémies en pandémies.
Reconstitution d'un laboratoire de cultures bactériennes, avec des boîtes de Pétri, des tubes de verre sur leur portoir et une boîte de Roux, exposé au musée des Confluences de Lyon pour l'exposition Épidémies. Prendre soin du vivant. Crédit : Juliette Frey / Sciences et Avenir
Tout près, la reconstitution d’un laboratoire de microbiologie témoigne du tournant qui marque la fin du 19e siècle. C’est le début de la vaccination. Les microbiologistes, tels que Louis Pasteur en France et Robert Koch en Allemagne, étudient désormais l’infiniment petit et mettent au point des vaccins et des sérums. Si certaines croyances résistent, elles finissent par être reléguées au second plan avec le choléra, la microbiologie et l’hygiénisme. Les savoirs circulent, les remèdes se multiplient.
Sida et Ebola : entre crises politiques et sociales, la fin d'une utopie
Le visiteur découvre enfin des affiches, des créations artistiques et d'autres objets de prévention familiers des maladies émergentes au 20e siècle, qui nous plongent au cœur d'une lutte collective. Alors que la révolution bactériologique, l’éradication de la variole et la découverte des antibiotiques ont nourri l’espoir de vaincre les maladies infectieuses, l’avènement du virus Ebola et du VIH marque la fin d'une certaine utopie.
L’exposition invite l’observateur tout au long de visite jusqu’à sa sortie à envisager les épidémies comme un phénomène biologique et avant tout social qui ne concerne pas exclusivement les humains mais l’ensemble du monde vivant.