Italie : l’énergie au coeur des débats électoraux
L’Italie est très dépendante des importations de gaz. Le sujet se retrouve propulsé au coeur des débats électoraux.
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Jusqu’à la fête de l’Assomption du 15 août, le sacro-saint Ferragosto pour les Italiens, les deux grandes coalitions en lice pour les législatives du 25 septembre se sont mutuellement agressées. Le camp de centre gauche, dominé par le Parti démocrate d’Enrico Letta, n’a cessé d’agiter le spectre d’un « retour à un régime fascisant » si l’extrême droite et la droite devaient remporter les élections, comme le prédisent les sondages. De son côté, le pôle emmené par Fratelli d’Italia, le parti ultraconservateur de Giorgia Meloni, a répété qu’il fallait désormais « tourner la page des gouvernements inefficaces ».
Mais depuis ces derniers jours, la crise énergétique qui angoisse tout le pays pousse les politiques à éclaircir leurs programmes. Sur ce thème, en particulier les importations de gaz, dont l’Italie (sortie du nucléaire en 1987) est très dépendante, un des principaux alliés de Giorgia Meloni, le chef de la Ligue Matteo Salvini, reste ambigu sur sa proximité avec Moscou. « Les sanctions imposées à la Russie nous pénalisent. Non seulement elles n’ont pas permis de stopper la guerre en Ukraine, mais elles risquent de l’alimenter », a-t-il lancé lors du récent congrès de Communion et Libération (1), à Rimini.
Quant à Giorgia Meloni, proche du Hongrois Viktor Orban mais fidèle à l’atlantisme et soutien de la cause ukrainienne, elle s’est enflammée sur l’UE lors de son premier meeting électoral, le 23 août. « L’Europe s’est occupée de tout, y compris de la manière de cuisiner les insectes. Mais elle n’a pas jugé utile d’élaborer une stratégie d’approvisionnement énergétique. Ai-je le droit d’affirmer que l’Union européenne n’a pas bien travaillé ? Cela signifie-t-il que nous voulons sortir de l’Europe ? Non, cela veut dire voir la réalité telle qu’elle est ! Ce qui me soucie, c’est de savoir comment on va faire pour allumer la lumière ! »
Les partis à la droite de la droite prônent un retour au nucléaire « propre et sûr » et souhaitent exploiter les gisements de gaz et de pétrole dans les eaux territoriales. Convergeant avec leurs adversaires sur la nécessité de fixer un seuil au prix du gaz, ils projettent aussi de renforcer le soutien aux entreprises et aux ménages, minés par la hausse des prix de l’énergie.
La gauche contre le « chantage au gaz » de Poutine
Le Parti démocrate, lui, tient à maintenir « fermement » les sanctions contre la Russie. « Poutine exerce un chantage au gaz mais, face à ce chantage, la reddition que propose Salvini serait le pire signal que l’on pourrait donner », a lancé Enrico Letta, également présent à Rimini. Son parti et les petites formations de gauche se veulent en pointe pour l’instauration d’un plafond au prix du gaz « sans attendre l’autorisation de Bruxelles ». Ils entendent doubler les crédits d’impôt sur l’énergie pour les entreprises et adopter davantage de mesures d’aide pour les familles en difficulté.
À la différence de ses adversaires de la droite, le centre gauche veut accélérer la création d’énergies renouvelables et instituer une loi sur le climat. Mais, pour parer aux urgences, il prévoit aussi l’installation d’unités de regazéification flottantes et de nouveaux incinérateurs de déchets. Malgré les risques environnementaux et sanitaires courus. En cette période de fragilisation politique en Italie, à la suite de la chute du gouvernement Draghi, la prudence reste de mise dans les programmes, y compris en matière d’énergie.
(1) Communion et Libération est un mouvement catholique fondé en 1954 par Don Luigi Giussani, un prêtre milanais. Chaque été, des personnalités politiques italiennes sont invitées à son congrès, qui réunit des milliers de participants.