Drapeaux en berne, moment de silence à la Bourse de Wall Street ou à l’US Open de tennis, prière pour la reine au Congrès : aux États-Unis, les réactions à la mort d’Élisabeth II ont été fortes, rapporte le Financial Times, et quasi unanimes. Le président et ses prédécesseurs des deux partis ont tous salué la mémoire de la reine du Royaume-Uni : Joe Biden a ordonné que les drapeaux soient abaissés à mi-hauteur devant les bâtiments publics fédéraux jusqu’à l’enterrement d’Élisabeth. Peu après, Donald Trump a déploré dans un communiqué : “Quelle grande et belle dame c’était, il n’y avait personne comme elle !”
“Pour une nation née en opposition à la monarchie – et dont le credo fondateur est que tous les hommes sont créés égaux –, les Américains ont montré à maintes reprises combien ils étaient entichés de la famille royale”, note le journal britannique, qui ne semble pourtant pas étonné.
Le titre rappelle les très fortes audiences télévisées pour les mariages royaux, les trottoirs jonchés de fleurs à la mort de la princesse Diana ou encore le succès des séries The Crown et Downtown Abbey. En 2015, Barack Obama avait confié au prince Charles : “Les Américains ont beaucoup d’affection pour la famille royale. Bien plus que pour leurs propres politiciens.”
Ce que confirme Dan O’Brien, un habitant de Portland : “Elle a été au service de son peuple toute sa vie. C’est un concept que les Américains ne peuvent même pas comprendre.”
Traditions et soap opera
Cet attachement persistant, deux cent quarante-six ans après la déclaration d’indépendance, fait l’objet d’analyses régulières aux États-Unis, rappelle le Financial Times. En 2013, Maya Jasanoff, professeure à Harvard, écrivait dans le New York Times qu’il “pourrait traduire une insécurité persistante à propos de choses que nous avons perdues” : des traditions “qui soudent une nation et qui lui confèrent une certaine légitimité”, explique le quotidien économique.
“Pour d’autres, la réalité est plus terre à terre, poursuit le Financial Times. La famille royale est la version ultime et millénaire du soap opera et de la télé-réalité.” Le journal cite ainsi Charlotte Clymer, une jeune militante et essayiste à Washington : “En réalité, tout ça n’est qu’un grand spectacle pour les Américains. On a la chance d’assister à tous les rebondissements sans rien payer.”
Courrierinternational