Le terme post-fascisme fait directement référence au fascisme, mot issu de l’italien « fasci », qui désigne l’emblème de l’autorité de la Rome antique, repris par les milices de Mussolini. Le fascisme est donc d’abord utilisé pour définir le régime autoritaire mis en place par Benito Mussolini en Italie, entre 1922 et 1945. Le régime fasciste entendait faire de l’Italie une nation à la communauté unique, rassemblée derrière un seul homme, rejetant les droits de l’Homme et mettant en place un État policier ultrasécuritaire.
Pour l’historien Italien Enzo Traverso, qui a théorisé la notion de post-fascisme dans son livre Les nouveaux visages du fascisme, publié en 2017, ce terme est utilisé pour décrire les nouvelles formes du fascisme et pour qualifier certains mouvements d’extrême-droite en Europe, comme le Rassemblement national en France ou l’AfD en Allemagne.
Les mouvements post-fascistes puisent leurs idées dans le fascisme du 20e siècle, tout en s’adaptant aux règles de la démocratie libérale du 21e siècle pour s’imposer dans le jeu politique. Pour Enzo Traverso, l’ennemie du post-fascisme n’est ainsi pas les autres nations (ce qui était le cas de l’idéologie fasciste) mais l’immigration et l’islam.
Selon l’historien, cette notion est encore en mutation. Il est donc difficile de savoir quel serait l’exercice du pouvoir par un dirigeant post-fasciste. Mais le spécialiste estime que le projet d’un dirigeant post-fasciste reste autoritaire. « La République qu’il défend ne serait pas celle d’aujourd’hui, remettant en cause le droit du sol, toute une série de libertés publiques, et transformant le système institutionnel en présidentialisme autoritaire, avec certainement une limitation des contre-pouvoirs », déclarait-il en 2017, dans une interview à Politis .
Cette notion n’est néanmoins pas à confondre avec le néofascisme, une doctrine qui souhaite reprendre les codes de l’Italie fasciste de Mussolini et les appliquer à notre époque. Des partis comme Aube dorée en Grèce ou le Jöbbik en Hongrie peuvent être qualifiés de néofascistes.
Le Journal du Dimanche