Les 156 millions de Brésiliens ont commencé à voter dimanche à 8 heures du matin (13 heures en France) pour une présidentielle décisive qui se joue entre l’ex-président de gauche Lula, le grand favori, et le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Lula a voté peu après l’ouverture des bureaux et a dit espérer voir son pays «revenir à la normalité» s’il est élu pour un troisième mandat. «Nous ne voulons pas de haine, de discorde. Nous voulons un pays en paix», a-t-il ajouté. Faisant de même peu après, Bolsonaro, a déclaré dimanche que «des élections propres» devaient «être respectées». «Si les élections sont propres, aucun problème. Que le meilleur gagne», a déclaré le chef de l’Etat. Reste à savoir s’il considéra comme «propre» un scrutin qui le donnera vaincu.
Pour cette élection cruciale pour l’avenir de la jeune démocratie au Brésil, le choc au sommet entre Jair Bolsonaro, 67 ans, et Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a relégué les neuf autres candidats au rang de figurants. L’ex-président Lula (2003-2010) était toujours le grand favori dans le dernier sondage Datafolha samedi soir, avec 50 % contre 36 % à Bolsonaro.
Lula pourrait l’emporter dès ce premier tour, mais Jair Bolsonaro a menacé depuis des mois de ne pas reconnaître le résultat si l’élection n’est pas «transparente». Une victoire du candidat de gauche, qui a marqué la vie politique brésilienne depuis un demi-siècle et concourt à sa 6e présidentielle, signerait un comeback inespéré quatre ans après son incarcération controversée pour des soupçons de corruption.
«Instabilité»
«Suspense jusqu’à la fin» titre le grand quotidien O Globo, qui soulignait aussi «l’instabilité qui a marqué toute la campagne» électorale dans un pays toujours plus polarisé. Le dernier débat présidentiel jeudi a illustré le degré de haine entre les deux favoris qui se sont écharpés, s’accusant d’être «menteur» ou «corrompu».
La campagne, menée en gilet pare-balles par les candidats, a elle aussi été tendue. Elle a charrié des tombereaux d’attaques personnelles, livré peu de projets pour le Brésil, et s’est déroulée dans un climat délétère. Ainsi pour de nombreux Brésiliens, l’élection de Lula dès le premier tour permettrait «d’en finir» et d’échapper à quatre semaines supplémentaires de campagne à couteaux tirés jusqu’à un second tour le 30 octobre.
Liberation