Élections américaines de mi-mandat : Biden, Obama et Trump en Pennsylvanie
Deux anciens présidents, Barack Obama et Donald Trump, en plus de Joe Biden sont allés en Pennsylvanie, samedi, pour les élections de mi-mandat.
Table of Contents (Show / Hide)
À quelques jours des élections américaines de mi-mandat, démocrates et républicains mettent les bouchées doubles pour mobiliser les électeurs, allant jusqu'à convoquer samedi, dans un même État clé, deux anciens présidents en plus de Joe Biden : Barack Obama et Donald Trump.
Ils espèrent faire pencher la balance dans une course de mi-parcours très disputée et qui pourrait déterminer le contrôle du Sénat américain. Joe Biden et Barack Obama, face à Donald Trump, se sont affrontés par meetings interposés en Pennsylvanie, samedi 5 novembre, à quelques jours des élections américaines de mi-mandat.
Lors d'une journée marathon de meetings concurrents en Pennsylvanie, État crucial pour les législatives de mi-mandat du 8 novembre, les 46e (Biden) et 44e (Obama) locataires de la Maison Blanche se sont affrontés à distance avec le 45e (Trump), avant un scrutin qui posera les fondations de la présidentielle de 2024.
"La démocratie est littéralement sur le bulletin de vote. C'est un moment décisif pour la nation et nous devons tous parler d'une seule voix", a lancé Joe Biden, sous une lumière bleue et rouge, un immense drapeau américain et les ovations d'une salle de Philadelphie, berceau de la Constitution américaine à la fin du XVIIIe siècle.
Tous les projecteurs sont braqués sur la Pennsylvanie, ancien bastion de la sidérurgie, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, une vedette de télévision adoubée par Donald Trump, affronte le colosse chauve et ancien maire démocrate d'une petite ville, John Fetterman, pour le siège le plus disputé du Sénat.
Car de ce poste de sénateur dépend sans doute l'équilibre des pouvoirs de la chambre haute du Congrès, au pouvoir immense.
Mardi 8 novembre, les Américains sont également appelés à renouveler toute la Chambre des représentants. Des postes de gouverneurs et d'élus locaux, qui décident des politiques de leur État pour l'avortement ou l'environnement, sont également en jeu.
Barack Obama, pour qui la nostalgie joue à plein, était d'abord à Pittsburgh, ville industrielle de Pennsylvanie, où il a demandé au "cousin Pookie" et à "oncle Joe", surnom affectueux d'électeurs démobilisés, enfoncés dans leur canapés, de se lever et "d'aller voter !" mardi pour les démocrates.
Biden et Obama exhortent à défendre la "démocratie"
"Je t'aime!", lui a alors lancé quelqu'un dans la foule.
"Je vous aime aussi, mais vous devez voter!", a répondu l'homme politique aux talents oratoires et charisme évidents.
Il a reconnu que "tout le pays avait traversé des temps difficiles ces dernières années", notamment avec une "pandémie historique".
Mais le père de l'assurance-santé "Obamacare" s'en est pris aux républicains, qui veulent "démembrer la sécurité sociale, l'assurance-maladie et accorder aux riches et aux grandes entreprises davantage de réductions d'impôts".
Au côté de son ancien vice-président Biden à Philadelphie, Barack Obama a également demandé, la voix rauque, de protéger "la démocratie sur le bulletin de vote (car) les enjeux sont élevés".
"Il est très important que les démocrates restent" au pouvoir, a renchéri Jennifer Hahn, psychologue de 57 ans qui a fait la queue sur des centaines de mètres sous un magnifique soleil d'automne pour le meeting de Biden, Obama et Fetterman.
Pour cette démocrate, "changement climatique, violence par armes à feu et atteinte aux droits" individuels sont les questions les plus cruciales du scrutin.
Jacqueline Smythe, 30 ans, craint aussi un retour en arrière sur l'avortement après le dynamitage de ce droit fédéral par la Cour suprême en juin dernier. Elle trouve que le parti républicain s'apparente à une "dictature".
Marée de casquettes rouges
Dans la soirée, toujours en Pennsylvanie, dans le bourg de Latrobe, le héros des républicains, l'ex-président Trump (2017-2021), casquette rouge "Make America Great again" enfoncée sur la tête et masquant son regard, a très longuement appelé à une "vague géante" de son parti pour "mettre fin à la destruction du pays et sauver le rêve américain".
Après une campagne acharnée centrée sur l'inflation, les républicains se montrent de plus en plus confiants dans leurs chances de priver le président démocrate de ses majorités le 8 novembre.
Si leurs pronostics se confirment, l'homme d'affaires de 76 ans semble déterminé à en profiter pour officialiser au plus vite sa candidature à la présidentielle de 2024. Avec un air de revanche sur sa défaite de 2020.
"Nous devons retrouver notre pays", a lancé un partisan au meeting de Latrobe, Shawn Ecker Grey, 44 ans, tandis que Leslie Boswell dit "adore(r) Trump parce qu'il soutient tout ce à quoi (elle) croi(t)".
Avortement et inflation
Joe Biden, lui, a jusqu'ici dit vouloir se représenter, mais la perspective n'enchante pas tous les démocrates en raison de son âge -- bientôt 80 ans -- et de son impopularité.
Le président démocrate tente tant bien que mal de convaincre les Américains que cette élection est plutôt "un choix" : sur l'avenir de l'avortement ou du mariage homosexuel - autant de sujets sur lesquels il a promis de légiférer, moyennant de solides majorités au Congrès.
Le droit à l'avortement, dynamité par la Cour suprême des États-Unis en juin, a certes été un thème central de la course en Pennsylvanie. L'organisation de planning familial Planned Parenthood est d'ailleurs plusieurs fois venue prêter main forte au démocrate John Fetterman durant la campagne.
Mais la hausse des prix, 8,2 % en moyenne sur un an aux États-Unis, reste de loin la principale préoccupation des Américains et les efforts de Joe Biden pour se poser en "président de la classe moyenne" peinent pour le moment à porter leurs fruits.
"Les démocrates sont inquiets", raillait encore vendredi le candidat républicain de Pennsylvanie, Mehmet Oz, qui a mené une campagne focalisée sur la gestion de l'inflation et d'une criminalité supposément "hors de contrôle".
"La gauche radicale sait que la dynamique est en faveur" des républicains, affirmait-il dans un message à ses partisans.