Bain de sang en Arabie saoudite : l'exécution de 81 personnes en un jour
L'Arabie saoudite a exécuté samedi 81 Saoudiens. Il s'agit de la plus grande exécution de masse connue de l'histoire moderne du royaume.
Table of Contents (Show / Hide)
La décapitation des condamnés sous le roi Salmane et son fils autoritaire, le prince héritier Mohammed ben Salmane poursuit toujours.
L'Arabie saoudite, qui a l'un des taux d'exécutions les plus élevés au monde, a généralement recours à la décapitation pour faire taire ses opposants.
La raison pour laquelle le royaume a choisi samedi pour les exécutions n'est pas claire. Elles sont néanmoins survenues au moment où l'attention du monde reste concentrée sur la guerre en Ukraine.
Ali Adubusi, le directeur de l'Organisation européenne saoudienne des droits de l'homme, a affirmé que certaines des personnes exécutées avaient été torturées et avaient fait face à des procès menés en secret.
Ces exécutions sont le contraire de la justice, a-t-il déclaré.
La peine de mort malgré les réformes promises
"Le monde doit déjà savoir que quand Mohammed ben Salmane promet des réformes, l'effusion de sang suit", a écrit sur Twitter l'ONG britannique Reprieve. "Le prince héritier vient tout juste de dire la semaine dernière à des journalistes qu'il voulait moderniser le système judiciaire pénal, seulement pour ordonner la plus importante exécution en masse de l'histoire du pays", a ajouté l'ONG.
Les exécutions annoncées samedi interviennent au lendemain de la libération du blogueur et militant des droits humains Raif Badawi, condamné à dix ans de prison pour avoir plaidé pour la fin de l'influence de la religion sur la vie publique dans le royaume.
Sa peine purgée, l'ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse, âgé de 38 ans, est toutefois interdit de quitter le territoire saoudien pendant les dix prochaines années.
La peine de mort aussi pour les mineurs
Dans le cadre des réformes, l'Arabie saoudite a annoncé en 2020 qu'elle mettait fin à la peine capitale pour ceux condamnés pour des crimes commis alors qu'ils avaient moins de 18 ans. Mais samedi, un Saoudien condamné à mort pour des crimes commis alors qu'il était mineur a été hospitalisé après avoir commencé une grève de la faim, selon sa famille et Reprieve.
Exécutions de chiites
En 2019, le royaume a décapité 37 citoyens saoudiens, pour la plupart appartenant à la minorité chiite, lors d'une exécution massive.
Il a également publiquement cloué le corps et la tête coupés d'un extrémiste condamné à un poteau en guise d'avertissement aux autres. De telles crucifixions après exécution se produisent dans le royaume.
Des militants, dont Ali Al-Ahmed, de l'Institut américain des affaires du Golfe, et le groupe Democracy for the Arab World Now ont déclaré qu'ils pensaient que plus de trois douzaines de personnes exécutées samedi étaient également des chiites.
Les chiites, qui vivent principalement dans l'est du royaume riche en pétrole, se plaignent depuis longtemps d'être traités comme des citoyens de seconde zone.