Quatrième enquête pour violences policières lors des manifestations à Marseille
Les enquêtes pour violences policières lors des manifestations à Marseille de début juillet s’accumulent avec un quatrième dossier.
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Dans la nuit du 1er au 2 juillet, Otman a été violemment interpellé par des policiers. Il aurait été frappé par plusieurs entraînant une perte de connaissance et sept fractures au visage, selon son avocat
Les enquêtes pour violences policières présumées en marge des manifestations de début juillet s’accumulent à Marseille, avec un quatrième dossier révélé par la presse mardi, celui d’un trentenaire présentant sept fractures au visage.
Après la mort de Mohamed Bendriss, 27 ans, les blessures de son cousin Abdelkarim Y., 22 ans, éborgné après un tir de LBD, ou les images d’Hedi, 22 ans, apparaissant le crâne amputé à la télévision, c’est le visage d’Otman qui est apparu mardi sur Marsactu, site d’informations locales.
« Je n’arrive plus à sortir de chez moi, dès que je dois faire une course, aller dehors me stresse. Je ne suis plus le même », témoigne-t-il auprès de ce média d’investigation marseillais.
« Frappé par plusieurs personnes »
Vers 22h30-23h00, dans la nuit du 1er au 2 juillet, Otman sort d’un tabac qui vient d’être pillé, dans le quartier de La Plaine, explique Marsactu. C’est alors qu’il aurait été violemment interpellé par des policiers, une agression pour laquelle il a porté plainte le 19 juillet avant d’être convoqué deux jours plus tard par la police des polices, l’IGPN, chargée de l’enquête. « De très nombreux éléments dans le dossier indiquent qu’il a été frappé par plusieurs personnes », entraînant une perte de connaissance et sept fractures au visage, assure son avocat, Me Nicolas Chambardon, interrogé mardi par l’AFP.
Mardi, un policier a été placé en garde à vue dans ce dossier. Il est soupçonné de « violences en réunion avec arme entraînant une incapacité totale de travail (ITT) de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique », d' « abus d’autorité pour faire échec à l’exécution de la loi » et de « menace ou acte d’intimidation en vue de déterminer une victime à ne pas déposer plainte ou à se rétracter », a détaillé à l’AFP la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, confirmant l’information initiale du quotidien Libération.
Il s’agit de la quatrième affaire de violences policières présumées dans la deuxième ville de France en marge de cet épisode de violences urbaines qui avait embrasé le pays à la suite du décès du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre fin juin. Et de la troisième affaire donc pour la seule nuit du 1er au 2 juillet, celle au cours de laquelle Mohamed Bendriss est décédé et Hedi a été gravement blessé.
Audition du policier en détention mercredi
Une certitude : la deuxième ville de France recense le seul mort lors de ces manifestations en France et sans doute le plus grand nombre de blessés, sur la trentaine d’enquêtes ouvertes par l’IGPN sur tout le territoire. « Il faut regarder de très, très près dans quel cadre ces missions (NDLR : de maintien de l’ordre) sont exercées et renforcer la question de formation des policiers », estime Me Chambardon.
Cette garde à vue intervient alors qu’un policier de la brigade anticriminalité de Marseille (BAC) doit être entendu mercredi matin par des juges d’instruction dans le cadre de l’affaire Hedi.
Otman, qui assume un « long casier judiciaire » de vols à l’arraché et de violences, dont une affaire de violence conjugale, a expliqué de son côté dans Marsactu qu’il est allé porter plainte pour « la première fois de (s)a vie » : « Ceux qui m’ont frappé doivent eux aussi être condamnés ».