Présidentielle 2022 : le gouvernement démissionnera "dans les jours qui suivent", quels nouveaux ministres pour Macron ?
Le Premier ministre l'a confirmé ce mardi matin : il suivra la tradition républicaine si Emmanuel Macron est réélu ce dimanche, et présentera sa démission et celle de son gouvernement « dans les jours qui suivent ».
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Jean Castex et le gouvernement qui entoure Emmanuel Macron vont démissionner dans la foulée de l'élection présidentielle. Le Premier ministre en a lui-même fait l'annonce, ce mardi 19 avril 2022, sur France Inter. Arrivé à Matignon en juillet 2020, au sortir des élections municipales, le chef du gouvernement ne conservera pas ses prérogatives. "Après cette élection, dans les jours qui suivent, comme le veut la tradition, je présenterai ma démission et celle du gouvernement au président de la République", a-t-il répondu. Présenter une démission n'entraîne pas nécessairement un départ, le président de la République aillant la possibilité de nommer à nouveau un ministre démissionnaire à son poste. Pour autant, Jean Castex a laissé entendre qu'il ferait définitivement ses cartons dès fin avril, si Emmanuel Macron est réélu à l'Elysée : "je suis deux qui pensent qu'une impulsion nouvelle doit être trouvée." L'ancien M. Jeux olympiques du gouvernement devrait donc rapidement plier bagages.
Jean Castex pourrait malgré tout jouer les prolongations. Sans le dire clairement, l'actuel chef du gouvernement a sous-entendu que si le scénario d'une victoire de Marine Le Pen venait à se concrétiser dimanche 24 avril, il resterait en poste jusqu'au 2e tour des élections législatives, comme la loi le lui autorise. "Tout dépend du sort des urnes dimanche", a-t-il ajouté après avoir évoqué une éventuelle date de départ. Ce n'est en effet que lorsque le Parlement est définitivement constitué que, traditionnellement, un gouvernement prend fin.
Qui sera le nouveau Premier ministre ?
Comme l'a publié Le Canard enchaîné le 16 mars, Emmanuel Macron entend mener un profond remaniement des membres du gouvernement. Selon le palmipède, qui cite une source rapportant des propos qui auraient été tenus par le président-candidat, "pas plus de quatre ou cinq" ministres seraient reconduits dans leurs fonctions. De quoi corroborer ses propos tenus un mois plus tard. Pas un nom n'a encore filtré, même si les premières réflexions sont déjà engagées.
Parmi les ministres en poste qui pourraient conserver leur portefeuille ou, a minima, une place au gouvernement, Julien Denormandie, actuel ministre de l'Agriculture après avoir eu la Ville à la suite d'un secrétariat à la Cohésion des territoires, fait figure de pièce maîtresse dans le puzzle pour sa proximité et loyauté envers Emmanuel Macron. Une nomination comme Premier ministre ne serait pas à exclure. Autre élément central avec lequel devrait composer Emmanuel Macron : Sébastien Lecornu. Le ministre des Outre-Mer, anciennement aux Collectivités territoriales, fait partie du cercle restreint qui a travaillé en amont à la campagne présidentielle du chef de l'Etat et pourrait conserver des prérogatives gouvernementales. Un troisième nom est également parfois évoqué : celui d'Alexis Kohler, actuel secrétaire général de l'Elysée, qui pourrait entrer au gouvernement. De là à en être le chef ? Pas si sûr.
Car dans les couloirs du pouvoir, des échos laissent entendre que deux femmes seraient également envisagées pour Matignon : Christine Lagarde, patronne de la Banque centrale européenne, ex-directrice du Fond monétaire international et ancienne ministre de l'Economie de Sarkozy, qui l'aurait lui-même proposée à Emmanuel Macron. La principale intéressée dit ne pas vouloir quitter ses fonctions actuelles. L'autre nom qui revient, c'est celui d'Elisabeth Borne. L'actuelle ministre du Travail, ex des Transports, pourrait prendre du galon selon Le Point et Le Figaro, ce dernier citant notamment Christophe Castaner, patron des députés LREM : "les deux réformes considérées comme "impossibles" du quinquennat, sur la SNCF et l'assurance-chômage, c'est Élisabeth Borne qui les pilotait." Un choix qui pourrait toutefois ne pas forcément séduire la gauche au regard de l'opposition qu'ont suscité ces réformes, bien qu'elle soit elle-même issue de ce courant.
De son côté, Emmanuel Macron a vaguement évoqué le sujet lors d'une interview donnée au Figaro le 7 avril. "En 2017, j'ai fait le choix inédit de nommer un Premier ministre qui n'était pas à mes côtés durant la campagne et qui n'était pas de ma famille politique. J'ai ensuite refait la même chose avec Jean Castex", a-t-il commenté, avant d'ajouter : "il faut toujours choisir celui ou celle qui apparaît comme le plus compatible avec ce que l'on souhaite porter à une période donnée. Cela supposera en tout cas de continuer à avancer dans le dépassement." De quoi laisser entendre que son possible futur chef du gouvernement ne serait pas encarté LREM ?
Quels pourraient être les ministres conservés ?
Compte-tenu du contexte géopolitique actuel, une reconduction de Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères, voire même de Florence Parly aux Armées, ne semble pas farfelue, tout comme celle de Bruno Le Maire à l'Economie, lui qui a géré la gestion et la relance économique de la crise du coronavirus. Une période durant laquelle Gabriel Attal s'est mis en évidence au porte-parolat. Salué unanimement pour la clarté de ses prises de parole, le benjamin du gouvernement pourrait, lui aussi, être intégré dans l'équation du nouveau gouvernement.
Du côté des départs, la grande majorité des ministres en place devrait faire ses valises, à commencer par Jean-Michel Blanquer. En poste depuis 2017, le ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, bien que proche d'Emmanuel Macron, a fait l'objet de nombreuses critiques, lui qui a particulièrement été exposé tout au long du quinquennat, tout comme Olivier Véran, ministre de la Santé, qui avait récupéré la gestion de la crise sanitaire lorsque l'épidémie est au plus haut, et dont le sort est incertain, tout comme celui d'Eric Dupond-Moretti.
Qui pourraient être les nouveaux ministres ?
Au rang des possibles arrivées dans un nouveau gouvernement, rien n'a encore été évoqué. Seule l'hypothèse Christine Lagarde comme Première ministre a, brièvement, fait couler un peu d'encre, glissée à Emmanuel Macron par Nicolas Sarkozy. Mais l'ancienne ministre sous Chirac et Sarkozy, et ex-directrice du Fond monétaire international, est en poste comme présidente de la Banque centrale européenne : "j'ai un métier, j'ai une fonction. Je suis à Francfort jusqu'en 2027. Je n'ai pas pour habitude d'abandonner en cours de route", avait-elle rétorqué en janvier. Les anciens élus de gauche ou de droite qui se sont ralliés à Emmanuel Macron pourraient également avoir en tête d'intégrer le gouvernement (Valls, Woerth, Estrosi, Muselier, Vassal…). Le président-candidat, lui, réfléchit à une équipe dans laquelle "seront présentes des figures qui permettent de continuer à donner une dynamique", tout en étant également formée par "une nouvelle génération" qu'il souhaite "continuer de faire émerger."
Si la question des noms qui composeront le futur gouvernement n'est pas encore tranchée, et devrait donner des maux de tête compte-tenu de la nécessité de trouver un équilibre politique avec toutes les sensibilités alliées, Emmanuel Macron se serait engagé à respecter une règle qu'il avait annoncé qu'il tiendrait en 2017, avant d'en faire fi : limiter le nombre de ministres, ministres délégués et secrétaires d'Etat. Selon Europe 1, le président-candidat envisagerait de limiter son gouvernement à 15 ministres, supprimant tout poste de ministre délégué et secrétaire d'Etat. Il souhaiterait par ailleurs revoir les prérogatives de ces postes en les concentrant sur des thématiques précises avec un calendrier fixe. Tiendra-t-il parole cette fois-ci ?
LE GOUVERNEMENT DE JEAN CASTEX
L'actuel gouvernement dirigé par Jean Castex a été dévoilé les 6 et 26 juillet 2020. Renouvelé à un tiers après la démission d'Edouard Philippe, il a connu de légères modifications le 8 décembre 2021 avec la démission d'Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, condamné pour "déclaration incomplète ou mensongère de sa situation patrimoniale", et le 5 mars 2022 avec les départs de la secrétaire d'État chargée de l'Éducation prioritaire Nathalie Elimas (démission après l'ouverture d'une enquête administrative concernant des accusations de harcèlement moral vis-à-vis de ses collaborateurs) et de la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault, partie au Conseil constitutionnel. Tous trois avaient été remplacés par des membres du gouvernement déjà présents, dont les prérogatives ont été élargies.
Le gouvernement de Jean Castex continuera d'exercer jusqu'au-delà du second tour de l'élection présidentielle. Quelques jours après l'issue du scrutin, le Premier ministre devrait remettre sa démission ainsi que celle de son gouvernement, comme l'avait fait Bernard Cazeneuve en 2017 (trois jours après le second tour) ou encore François Fillon en 2012 (quatre jours après). Jusqu'à la nomination d'un nouveau Premier ministre, c'est le dernier Premier ministre en exercice qui gère les affaires courantes du pays.
La liste des ministres du gouvernement
Voici la liste des ministres du gouvernement Castex : Jean Castex, Premier ministre, chef du gouvernement ; Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe des Affaires étrangères ; Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et solidaire ; Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, de la Jeunesse et des Sports ; Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance ; Florence Parly, ministre des Armées et de la Défense ; Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur ; Elisabeth Borne, ministre du Travail de l'Emploi et de l'Insertion ; Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer ; Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, Garde des Sceaux ; Joël Giraud, ministre de la Cohésion et des Territoires ; Roselyne Bachelot, ministre de la Culture ; Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités ; Annick Girardin, ministre de la Mer ; Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation ; Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation ; Amélie de Montchalin, ministre de la Fonction et de la Transformation publiques.
La liste des ministres délégués : Marc Fesneau, ministre délégué aux Relations avec le Parlement ; Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Egalité hommes-femmes, aux Droits et à l'Egalité des chances ; Frank Riester, ministre délégué au Commerce extérieur et à l'Attractivité ; Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement ; Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports ; Olivier Dussopt, ministre délégué aux Comptes publics ; Agnès Panier Runacher, ministre déléguée à l'Industrie ; Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué aux PME, chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la Francophonie ; Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports ; Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants ; Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté ; Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l'Insertion ; Nadia Hai, ministre déléguée chargée de la Ville ; Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l'Autonomie.
La liste des secrétaires d'Etat
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement ; Sophie Cluzel, chargée des Personnes handicapées ; Clément Beaune, chargé des Affaires européennes ; Bérangère Abba, chargée de la Biodiversité ; Sarah El Hairy, chargée de la Jeunesse et de l'Engagement ; Cédric O, chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques ; Olivia Grégoire, chargée de l'Economie sociale, solidaire et responsable ; Laurent Piétraszewski, chargé des Retraites et de la Santé au travail ; Adrien Taquet, chargé de l'Enfance et des Familles.