Inauguration du premier sous-marin made in Taïwan
Inauguration en grandes pompes. Le premier sous-marin de fabrication nationale de Taïwan a été dévoilé jeudi 28 septembre, le territoire autonome cherchant à renforcer son armée face à la Chine dans un contexte d'intensification des tensions entre Pékin et Taipei.
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Taïwan a dévoilé jeudi son premier sous-marin militaire de fabrication nationale, une étape importante dans le renforcement de sa défense face à la Chine, qui a qualifié cette construction de submersibles de "non-sens stupide". Baptisé "Hai Kun", ce premier prototype de 80 mètres sera opérationnel d'ici 2025, selon la présidente.
Inauguration en grandes pompes. Le premier sous-marin de fabrication nationale de Taïwan a été dévoilé jeudi 28 septembre, le territoire autonome cherchant à renforcer son armée face à la Chine dans un contexte d'intensification des tensions entre Pékin et Taipei. Le gouvernement chinois considère l'île comme une partie de son territoire et a menacé d'utiliser la force pour l'annexer. Le ministère chinois de la Défense a notamment qualifié la construction de submersibles par Taïwan de "non-sens stupide".
En 2024, le budget de la défense taïwanais atteindra un record de 19 milliards de dollars. Taipei entend acquérir du matériel militaire, en particulier auprès de son principal allié, les États-Unis, auprès duquel il n'a pas réussi à acquérir de sous-marins. Dès son arrivée au pouvoir en 2016, la présidente Tsai Ing-wen, issue d'un parti hostile à Pékin, a lancé un programme de construction sur son sol de sous-marins avec l'objectif de livrer huit submersibles.
"Créature marine mythique"
Ce premier prototype, baptisé "Hai Kun", qui signifie "créature marine mythique" en chinois, a été dévoilé jeudi lors d'une cérémonie organisée dans la ville portuaire de Kaohsiung, dans le sud du pays. "L'histoire se souviendra toujours de ce jour", a déclaré la présidente, debout devant le navire drapé des couleurs du drapeau taïwanais.
"Pendant longtemps, construire localement des sous-marins était considéré comme une ‘mission impossible’", a rappelé Tsai Ing-wen. "Mais aujourd'hui, un submersible conçu et construit par notre propre peuple est sous les yeux de tous – nous l'avons fait", s'est-elle félicitée.
Le sous-marin, dont la construction a débuté en 2020, a coûté 1,5 milliard de dollars. Il mesure 80 mètres et pèse de 2 500 à 3 000 tonnes lorsqu'il est en mouvement. Ses systèmes de combat et ses torpilles proviennent du géant américain de la défense Lockheed Martin. Il va désormais faire l'objet d'essais en mer et Tsai Ing-wen a affirmé que le Hai Kun serait opérationnel d'ici 2025. Certains spécialistes de la défense estiment que cela pourrait prendre plus de temps.
La Chine, maîtresse des mers
La marine taïwanaise dispose actuellement de deux sous-marins militaires en état de fonctionnement, des navires de la classe Swordfish achetés aux Pays-Bas dans les années 1980. En 2001, Washington avait accepté de fournir huit sous-marins conventionnels à Taipei, mais la vente ne s'est jamais concrétisée.
Pendant ce temps, la Chine s'est dotée de l'une des plus grandes flottes au monde, avec des sous-marins à propulsion nucléaire et des porte-avions.
Le ministère chinois de la Défense a qualifié de "non-sens stupide" la stratégie de Taïwan de construire ses propres sous-marins. "Peu importe le nombre d'armes" que les autorités taïwanaises "construisent ou achètent, elles ne peuvent pas empêcher la tendance générale vers la réunification nationale", a déclaré le porte-parole du ministère, Wu Qian.
La Chine possède environ 60 sous-marins, dont six à propulsion nucléaire et armés de missiles balistiques, selon le ministère américain de la Défense.
Bien que Taïwan soit en infériorité numérique, le déploiement de ses sous-marins en deux points stratégiques – le canal de Bashi et le détroit de Miyako – suffirait à poser des problèmes à la Chine, selon Sifu Ou, de l'Institut taïwanais pour la défense nationale et la recherche sur la sécurité. "Ils ne peuvent pas passer facilement, c'est très important pour la défense de Taïwan", a-t-il affirmé.
Loin d'être "prêt au combat"
Ce sous-marin constituerait un risque en cas d'assaut amphibie et de transport de troupes de l'armée chinoise, a affirmé à l'AFP Ben Lewis, un analyste indépendant basé aux États-Unis et spécialiste des mouvements de l'armée chinoise autour de l'île. "La Chine a eu recours à beaucoup de navires civils pour renforcer le transport de troupes et un sous-marin pourrait faire des ravages sur des navires qui ne sont pas conçus pour une guerre navale", a estimé Ben Lewis.
Un autre analyste militaire basé à Taipei, Zivon Wang, estime qu'il est encore loin d'être "prêt au combat". "Le lancement (...) ne signifie pas que Taïwan deviendra immédiatement très puissant, mais il s'agit d'un élément crucial de la stratégie de défense de Taïwan et d'une partie de nos efforts pour renforcer nos capacités de dissuasion", explique l'expert qui travaille au sein du groupe de réflexion Chinese Council of Advanced Policy Studies.
Lundi, le quotidien d'État chinois Global Times a publié une tribune affirmant que le plan de déploiement de sous-marins de Taïwan visant à bloquer l'armée chinoise relevait du "rêve". "Ce plan n'est qu'une illusion de l'île qui tente de résister à la réunification par la force", a-t-il affirmé.
La semaine dernière, la Chine a envoyé une flotte de 103 avions militaires autour de l'île autonome, ce qui, selon le ministère de la Défense taïwanais, représente l'une des incursions les plus importantes jamais enregistrée. Taïwan, qui parle d'un "harcèlement militaire continu" de la Chine, a appelé Pékin à "cesser immédiatement ces actions unilatérales destructrices".