En attaquant Israël en plein cœur, le mouvement islamiste palestinien a soulevé l’enthousiasme d’une grande partie du monde arabo-musulman, sensible à la question palestinienne. Mais il ne faut pas oublier que le Hamas est téléguidé par l’Iran, et que son bilan à Gaza est catastrophique. Les Palestiniens méritent mieux, écrit le journal libanais “L’Orient-Le Jour”.
Depuis samedi [7 octobre], aux alentours de six heures du matin, un mort palestinien vaut presque un mort israélien. Il aura fallu une révolution des images. Frapper l’imaginaire en touchant aux symboles, à tous les symboles, c’est le coup de maître que le Hamas s’est offert.
Il n’a rien laissé au hasard. En convoquant le souvenir d’octobre 1973 [en référence à la guerre du Kippour], il a fait parler l’histoire. En prenant l’initiative d’une triple offensive, il a chamboulé la répartition habituelle des rôles. En interrompant le cycle infernal des normalisations entre grands, il a rappelé que la toute-puissance des États ne résiste pas aux pressions de l’intérieur.
“Déluge d’Al-Aqsa” : le mouvement n’a pas lésiné sur les mots. L’affront a un goût de revanche. Il parle aux Palestiniens de Jérusalem, comme à ceux de Naplouse, d’Aïn El-Heloué [le plus grand camp palestinien du Liban, dans le sud du pays] ou d’ailleurs. Il parle à la région tout entière. Des avenues bondées d’Istanbul aux rues de Sanaa, on célèbre sans réserve le retour de cette Palestine mille fois oubliée, mille fois ressuscitée.
Il y a quelque chose de subversif dans la séquence actuelle. La première puissance militaire de la région s’écroule face aux caméras du monde. Le colosse est faillible, la forteresse pénétrable. Les Israéliens ont eu leur 11 Septembre. Ils disent qu’il n’y aura plus de paix. Il n’y en a jamais eu, hurle-t-on de Gaza à Jénine [en Cisjordanie]. Après le temps de la diplomatie et du droit, le retour à la force brute.
Courrierinternational