Depuis la Palestine, Radio Alhara décloisonne la quarantaine
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À Bethléem, la Radio Al Hara est une radio en ligne qui agit comme diffuseur de message pour la Palestine, depuis et pour le monde entier. Son approche est populaire et participative : il y a de la musique, mais aussi des émissions en tout genre. Depuis trois ans et demi, cette radio très en vogue a réussi à façonner un paysage de protestation, de diffusion de culture, de musique et de journalisme local.
Depuis le 7 octobre, Radio Al Hara a un peu changé de ligne directrice. « Les trois premiers jours après la guerre, on s'est dit qu'on ne se sentait pas de maintenir les programmes habituels de la radio, explique Elias Anastas, un des cofondateurs. Ça semblait complètement déconnecté de la réalité. On a alors décidé de fermer la radio pendant trois jours. On s'est alors rendu compte qu'en fermant la radio, on s'autocensurait, dans un contexte où beaucoup d'artistes et de musiciens étaient en train d'être censurés dans le monde, surtout lorsqu'il s'agit de la Palestine. »
Alors très vite, ils rétablissent le programme. Mais avec une nuance, les morceaux et les contributions sont adaptées au contexte palestinien. « Ce qui était très fort, retrace Elias Anastas, c'était de voir que ce réseau de solidarité qui s'était créé parle de la Palestine, mais parle aussi d'autres formes d'injustice et d'oppression que l'on retrouve dans le monde. Lorsqu'on commence à voir cela comme des formes d'analogie, de protestation, ça vient renforcer ce réseau de solidarité. Pour nous, la forme de résistance la plus puissante dans la scène de la culture, c'est la solidarité. »
« Le résultat est beaucoup plus grand que n'importe quel discours »
Les co-fondateurs le précisent, Radio al Hara est un espace public. « Hara », signifie « quartier » en arabe, un espace régit par les habitants. C'est un peu comme une radio pirate et doit fonctionner sans filtre. Toute la journée, elle diffuse de la musique – parfois de niche – mais aussi des poèmes, des chroniques, des émissions culturelles, des universitaires, des chefs ou des enregistrements sonores.
On peut y entendre également de nombreux messages personnels. « Personnels parce qu'ils peuvent raconter un quotidien, ou faire passer un message plus ou moins politique, ou encore message qui fait référence à leur propre environnement ou à leur propre contexte... Le résultat est beaucoup plus grand que n'importe quel discours », explique ainsi Yousef Anastas.
À la base, Radio al Hara n’était pas forcément une plateforme politique. Crée en mars 2020, au début de la pandémie de coronavirus, la radio prend forme pour relier les six cofondateurs de Bethléem, à Ramallah, en passant par Amman. Une manière de rompre l’isolement, plaisanter ou encore partager des playlists.
Aujourd’hui, la radio s’inscrit dans un réseau de radio en ligne à travers le monde et compte 350 contributeurs réguliers. « Elle a grandi très vite les premières années, explique Ibrahim Owais. Et le fait que la radio ait débuté à Bethléem, que ce soit une radio palestinienne, aide à diffuser des messages sur ce qui se passe ici. »
Le 24 décembre, Radio Al Hara diffusait un chant de Noël du chef du chœur de la Basilique de la Nativité. C'était un chant de refus de la situation, en collaboration avec deux musiciens à Beirut, des personnes qui ne peuvent pas se retrouver dans un même espace physique.