Le blocage d'une livraison d'armement américain à Israël, dernière illustration des frictions
La Maison Blanche a pris cette décision faute de réponse à ses « inquiétudes » quant à une éventuelle opération militaire israélienne sur Rafah. Mercredi, l’armée israélienne multipliait les frappes sur la bande de Gaza.
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LE CAIRE/WASHINGTON/RAFAH, BANDE DE GAZA (Reuters) - Le Hamas a dit mercredi combattre les troupes israéliennes à la périphérie de Rafah, après qu'un responsable américain a fait savoir que Washington avait suspendu une livraison de bombes de forte puissance qu'Israël pourrait utiliser dans le cadre d'un assaut contre la ville du sud de la bande de Gaza.
Les États-Unis, qui cherchent à empêcher une offensive israélienne de grande envergure contre Rafah, ont déclaré qu'une proposition révisée de cessez-le-feu du Hamas pourrait permettre de sortir de l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations, qui reprennent au Caire ce mercredi.
Les autorités israéliennes disent vouloir lancer une offensive terrestre contre Rafah, qu'elles présentent comme le dernier bastion du Hamas à Gaza.
Les pays occidentaux et les Nations unies ont quant à eux prévenu qu'une telle attaque serait une catastrophe humanitaire, des centaines de milliers de Palestiniens étant réfugiés aux abords de la ville.
Selon des habitants et le Hamas, les combats se déroulent pour le moment à la périphérie de la ville.
Un responsable américain a déclaré que l'administration Biden avait suspendu la semaine dernière une livraison d'armes à Israël en réaction à l'offensive attendue à Rafah.
La Maison Blanche et le Pentagone se sont refusés à tout commentaire.
Le responsable, qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat, a déclaré que Washington avait soigneusement examiné la livraison d'armes susceptibles d'être utilisées à Rafah, et avait par conséquent suspendu un envoi composé de 3.500 bombes.
Il s'agirait de la première suspension de ce type depuis que les Etats-Unis, le plus proche allié d'Israël et son principal fournisseur d'armes, a offert son soutien "à toute épreuve" à Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre.
"AU BORD D'UNE CATASTROPHE"
Mardi, les forces israéliennes se sont emparées du principal point de passage entre Gaza et l'Égypte, à Rafah, empêchant ainsi l'acheminement de l'aide humanitaire.
Des habitants et des responsables ont déclaré que le bâtiment du conseil municipal de Rafah avait été touché par des tirs de chars israéliens mardi et avait pris feu.
L'armée israélienne a dit mercredi avoir découvert des infrastructures du Hamas dans plusieurs secteurs de l'est de Rafah et indiqué que ses troupes menaient des raids ciblés du côté gazaoui du point de passage de Rafah, ainsi que des frappes aériennes dans toute la bande de Gaza.
"Nous sommes au bord d'une catastrophe humanitaire sans précédent", a déclaré le maire de Rafah, Ahmed al Sofi, appelant à la communauté internationale à intervenir. Selon lui, quelque 1,4 million de personnes sont réfugiées à Rafah et n'ont nulle part où aller.
Les personnes présentes dans les quartiers orientaux de la ville ont été invités par Israël à se diriger vers la zone côtière d'Al Mawassi "qui ne dispose pas des infrastructures nécessaires aux besoins quotidiens" des habitants, a souligné le maire de Rafah.
Les groupes armés du Hamas, du Djihad islamique et du Fatah ont déclaré dans des communiqués distincts que les échanges de tirs se poursuivaient dans le centre de la bande de Gaza, tandis que les habitants du nord de l'enclave ont fait état de tirs nourris de chars israéliens.
L'offensive israélienne a provoqué la mort de 34.789 Palestiniens depuis le 7 octobre, pour la plupart des civils, selon le ministère de la santé de Gaza.
(Reportage Reuters, rédigé par Michael Perry et Ros Russell; version française Stéphanie Hamel, édité par Tangi Salaün)