Conflit israélo-palestinien : A quel point Israël se rapproche-t-il de son objectif à Gaza ?
Israël a retiré ses troupes du sud de la bande de Gaza, notamment de la ville de Khan Younès, après des mois de combats contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, ont indiqué dimanche l'armée et un responsable militaire israéliens. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a justifié ce retrait par la préparation des prochaines missions, notamment à Rafah. Voici le fil du 7 avril 2024.
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Après presque huit mois de guerre à Gaza, le Hamas oppose toujours une farouche résistance aux troupes israéliennes. Ses capacités militaires ont été lourdement affectées, mais le groupe armé palestinien est toujours en mesure de tirer des roquettes contre le territoire israélien. L’armée de l’État hébreu affirme que les derniers combattants sont retranchés à Rafah. Sur le terrain, la réalité est bien différente.
Après 223 jours de guerre, les combattants du Hamas sont toujours présents dans l’ensemble de la bande de Gaza. En janvier dernier, l’armée israélienne affirmait pourtant avoir démantelé le Hamas dans le nord du territoire palestinien. « Objectif désormais : le centre, puis le sud de l’enclave », avait dit l’armée. Cinq mois plus tard, les combats font de nouveau rage à Jabaliya, dans le nord.
« En nous retirant du nord, on a laissé un vide, analyse Kobi Michael, chercheur à l’INSS, l’Institut des études de sécurité nationale en Israël. Nous devons à présent en tirer les leçons. Si nous quittons une zone à Gaza, le Hamas s’y installera de nouveau. La nature a horreur du vide. Malheureusement, notre retrait a permis au Hamas de reprendre des forces. »
Pourtant, Israël, avec son armée composée majoritairement de réservistes, qui assure avoir démantelé 20 des 24 bataillons du Hamas, n’a pas les moyens militaires de maintenir une présence continue dans l’ensemble du territoire palestinien. « On n’a pas le choix, explique Kobi Michael. L’armée israélienne doit rester à Gaza, jusqu’à ce que notre mission, l’éradication du Hamas comme organisation structurée, soit accomplie. »
Le Hamas est « là pour durer »
Après quoi, selon les mots du chercheur, les opérations militaires pourront changer de forme : « Une fois le Hamas démantelé, l’armée pourra se retirer de Gaza et se poster aux frontières internationalement reconnues. Ensuite, sur la base de renseignements précis, nous pourrons entrer dans la bande de Gaza pour des opérations ciblées, comme ce que nous faisons déjà en Cisjordanie. »
Malgré ses pertes, le Hamas réussit à poursuivre une guérilla usante. Ses cellules combattantes, indépendantes les unes des autres, harcèlent en permanence les troupes israéliennes. Via des tunnels, ses combattants surgissent n’importe où dans la bande de Gaza, posent des mines, tirent des roquettes contre les blindés israéliens, et disparaissent aussitôt sous terre.
Mercredi, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a affirmé que le mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 que Benjamin Netanyahu a promis d'anéantir, était « là pour durer » et qu'il déciderait avec d'autres factions palestiniennes de la gouvernance à Gaza après la guerre avec Israël.
La Ligue arabe appelle à une force de maintien de la paix
Le sommet arabe a appelé ce jeudi 16 mai au déploiement d'une force de maintien de la paix des Nations unies dans les territoires palestiniens occupés par Israël, jusqu'à la mise en place d'un État palestinien. Réunis jeudi à Bahreïn, les représentants des 22 États de la Ligue arabe ont réaffirmé leur soutien au peuple palestinien.
À la tribune du sommet de la Ligue arabe chaque discours portait les mêmes mots d'ordre sur l'union autour de la cause palestinienne et l'appel à un cessez-le-feu immédiat. « Nous assurons la poursuite du travail commun pour faire face à l'agression brutale contre nos frères en Palestine. Il est nécessaire pour la communauté internationale d'assumer sa responsabilité pour une cessation immédiate de l'agression par les forces d'occupation et de fournir une aide humanitaire », a fait savoir le prince héritier saoudien Mohammad Ben Salman.
À son tour devant les micro, le président Palestinien Mahmoud Abbas a ajouté qu'il fallait éviter un nouveau déplacement forcé de la population palestinienne en leur assurant une terre de paix. « Nous devons immédiatement commencer à mettre en œuvre la solution à deux États fondée sur la légitimité internationale, dans laquelle l'État de Palestine obtient le statut de membre à part entière des Nations unies comme les autres nations, pour qu'il soit reconnu par les pays qui ne l'ont pas encore reconnu. Et entamer des négociations pour mettre fin à l'occupation de la terre de l'État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, le long des lignes de 1967 », a-t-il défendu.
Le secrétaire général de l'ONU convié à l'événement a, lui aussi, appelé à la fin immédiate de la guerre, soutenant une solution à deux États.
La guerre à Gaza est le conflit le plus meurtrier que j'ai vu en tant que secrétaire général des Nations unies. Rien ne justifie l'attaque terroriste du 7 octobre menée par le Hamas et je réitère mon appel à la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Des familles entières ont été anéanties. Des enfants ont été traumatisés et menacés à vie. Des personnes ont été privées de l'accès aux éléments essentiels à la survie humaine. La famine menace. L'assaut sur Rafah est inacceptable. Il infligerait une nouvelle vague de souffrance et de misère alors que nous avons besoin d'une vague d'aide pour sauver des vies. Il est temps d'instaurer un cessez-le-feu humanitaire immédiat et d'assurer un accès sans entrave à l'aide humanitaire dans l'ensemble de la bande de Gaza. L'Unrwa reste l'épine dorsale de nos opérations à Gaza et la bouée de sauvetage des réfugiés palestiniens dans toute la région.