Le procureur de la CPI demande un mandat d'arrêt contre Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à Gaza
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Le procureur général de la Cour pénale internationale a requis lundi 20 mai des mandats d'arrêt pour «crimes de guerre» à Gaza. Une décision accueillie avec beaucoup de colère par les autorités israéliennes.
Karim Khan, procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a frappé fort. Alors que la guerre dans la bande de Gaza bat son plein, il a demandé aux juges de ce tribunal d'émettre des arrêts internationaux à l'encontre de Benyamin Netanyahou, le chef du gouvernement israélien, et de Yoav Gallant, le ministre de la Défense, pour des présomptions de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, qui auraient été commis par l'armée israélienne.
Une décision vivement rejetée par Netanyahou. «En tant que premier ministre d'Israël, je rejette avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël», pays «démocratique» et «les meurtriers de masse du Hamas», a-t-il affirmé dans un communiqué.
Le mouvement islamiste ne s'en tire pas mieux. Yahya Sinwar, le dirigeant du mouvement dans la bande de Gaza, Ismaël Haniyeh, le chef du bureau politique, et Mohammed Deïf, qui dirige la branche armée de l'organisation islamiste, sont également soupçonnés, par Karim Khan, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité après les massacres commis par des commandos islamistes le 7 octobre dans le sud d'Israël et la prise de 245 otages, dont 132 sont encore détenus dans la bande de Gaza.
Dans ses attendus, le procureur a aussi retenu contre les deux dirigeants israéliens des crimes tels que « le fait d'affamer délibérément des civils » palestiniens, « homicide intentionnel » « extermination et/ou meurtre ». « D'après nos constatations , écrit-il, certains de ces crimes continuent à être commis » alors que la guerre n'en finit pas de durer. Les accusations portées contre les dirigeants du Hamas portent aussi sur des accusations «d'extermination », de « viols et d'autres formes de violence sexuelle », et de «prise d'otages, qui constitue un crime de guerre ».
Toute la question est désormais de savoir si les juges de la Cour pénale internationale vont suivre les recommandations du procureur général. Si tel est le cas, les cinq personnalités visées pourraient être arrêtées lors d'un séjour dans un des 124 pays membres de la CPI, puis être extradés vers le siège de la cour ou, à défaut, être jugés dans le pays où ils seraient détenus. Une telle procédure constituerait un précédent. Aucun dirigeant israélien ni palestinien ne s'est, pour le moment, retrouvé sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
Un réflexe d'union nationale
Des deux côtés, l'heure est à l'indignation et à la colère. Israël et le Hamas estiment chacun scandaleux d'être visés par la menace de sanctions alors que chacun se présente comme une victime. En Israël, un réflexe d'union nationale a joué à fond. Yair Lapid, le chef de l'opposition centriste, qui ne ménage habituellement pas Benyamin Netanyahou, a dénoncé la demande du procureur général, de même que Benny Gantz, ministre membre du cabinet de guerre, qui a qualifié cette démarche de « crime historique ». Le chef de la diplomatie, Israel Katz, a proclamé « qu'aucun pouvoir au monde ne nous empêchera de ramener nos otages à la maison et d'éradiquer le pouvoir terroriste du Hamas ».
Lui aussi a dénoncé le parallèle établi par Karim Khan entre Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense avec les « abominables monstres nazis du Hamas ». Deux ministres d'extrême droite, Bezalel Smotrich (Finances) et Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale) ont également parlé de « haine des Juifs » et de « propagande nazie » à laquelle se serait livré le procureur général. Le Hamas a, pour sa part, accusé le procureur général d'avoir mis sur le même plan « les victimes (palestiniennes) et le bourreau (Israël), ce qui ne peut qu'encourager la poursuite de la guerre génocidaire ».
Une demande «scandaleuse», selon Biden
Cette décision de la CPI a même fait réagir jusqu’aux États-Unis. Joe Biden a qualifié la demande du procureur de «scandaleuse». «Je vais être clair: quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas, il n'y en a aucune», a-t-il ajouté. «Nous nous tiendrons toujours aux côtés d'Israël contre les menaces à sa sécurité».
Son chef de la diplomatie, Antony Blinken, a lui qualifié de «honteuse» l'annonce du procureur de la CPI, estimant en outre qu'elle «pourrait compromettre» les pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza. «Nous rejetons l'équivalence établie par le procureur entre Israël et le Hamas. C'est une honte», a martelé Antony Blinken dans un communiqué. «Le Hamas est une organisation terroriste violente qui a perpétré le pire massacre de juifs depuis l'Holocauste et qui retient encore des dizaines d'innocents en otage, y compris des Américains», a-t-il ajouté.