Malgré la détermination du gouvernement britannique de Boris Johnson à expulser des migrants vers le Rwanda pour dissuader les arrivées illégales au Royaume-Uni, le premier vol prévu mardi soir a été annulé à la suite de recours de dernière minute.
À la suite des divers recours individuels, le premier vol risque de décoller quasi vide, avec seulement sept migrants à son bord. Selon l’association Care4Calais, 24 des 31 personnes initialement prévues ont vu leur ticket vers le Rwanda annulé.
De nouveaux recours en justice, prévus mardi, et une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l'Homme, l'avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d'euros est finalement resté au sol.
En envoyant les migrants arrivés clandestinement au Royaume-Uni dans ce pays d’Afrique de l’Est, Londres entend dissuader les traversées illégales de la Manche.
Ce projet extrêmement controversé est jugé « immoral » par l’Eglise anglicane et de nombreuses associations. Ces dernières n’entendent pas baisser les bras et comptent poursuivre leur contestation en justice.
Ce projet controversé a été validé par la justice britannique. Celle-ci a rejeté en première instance, puis en appel, des recours de dernière minute formulés par des associations, notamment Care4Calais et Detention Action, pour tenter de stopper les départs.
La Haute Cour de Londres a, par ailleurs, rejeté lundi un autre recours intenté par l’association d’aide aux réfugiés Asylum Aid. Les associations n’entendent pas baisser les bras et comptent poursuivre leur contestation en justice, avec un examen détaillé de la légalité de la mesure prévu en juillet devant la Haute Cour.
« Cette politique immorale couvre le Royaume-Uni de honte », ont estimé dans une lettre publiée mardi par le journal The Times, les chefs spirituels de l’Eglise anglicane et 23 évêques.
L’ONU est également vent debout contre cette mesure, et l’organisation de défense des droits humains HRW estime que Londres « cherche à rejeter entièrement ses responsabilités en matière d’asile sur un autre pays », allant à l’encontre de la Convention de Genève.
Le syndicat de la fonction publique PCS, qui compte dans ses membres des agents des douanes censés mettre en œuvre les expulsions, a également contesté le projet en justice.
Le gouvernement du président Paul Kagame, lequel dirige le Rwanda depuis la fin du génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts selon l’ONU, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique.