Baptême du feu pour Elisabeth Borne à la recherche de "compromis"
En quête de compromis dans un Parlement fragmenté, Élisabeth Borne dévoile mercredi 6 juillet ses priorités lors de sa déclaration de politique générale, sans engager sa responsabilité devant l'Assemblée nationale où la coalition de gauche de la Nupes a déposé une motion de censure.
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Pour garantir la « souveraineté de la France face aux conséquences de la guerre » en Ukraine, a expliqué Elisabeth Borne, l'Etat va renationaliser EDF à 100%. C'est la principale annonce qu'on retient ce matin. Un projet symbolique : l'Etat contrôle déjà 85% du capital. Et surtout un projet attendu. Le président l’avait évoqué pendant la campagne. Et les partis de gauche alliés dans la Nupes y sont favorables. Un avantage non négligeable pour un gouvernement dépourvu de majorité. C’est aussi dans l’air du temps: face à la crise énergétique, les Etats ont tendance à reprendre en main la gestion du secteur énergétique. L’Allemagne par exemple est en train de légiférer pour nationaliser partiellement Uniper, le premier fournisseur de gaz russe, éreinté par la baisse des livraisons.
EDF est aussi une entreprise en grande difficulté financière,
Une entreprise surendettée, avec une valorisation boursière qui s’effondre. L’Etat doit donc intervenir. Pour d’une part soutenir le fleuron national du nucléaire qui doit construire de nouvelles centrales, et d’autre part pour être plus agile pour piloter la transition écologique. Le climat est l'une des priorités mises en avant par Elisabeth Borne. Elle a promis des « réponses radicales à l'urgence écologique », que ce soit « dans notre manière de produire, de nous loger, de nous déplacer, de consommer ». Des mots très forts. Mais un peu creux. Sans mesure concrète annoncée, hormis la location de voitures électriques à moins de 100 euros par mois. Cette proposition flatte le pouvoir d’achat des Français mais n'est pas en soi un plan sur le changement de paradigme qu’implique la transition énergétique.
La Première ministre est aussi restée très vague sur le financement de son programme
Effectivement elle a confirmé les promesses du président: la suppression de la redevance audiovisuelle pour les particuliers et d'un impôt de production pour les entreprises. Sans préciser comment financer ce manque à gagner de 11 milliards d'euros. Pas de piste non plus sur le financement de la révolution verte. La première ministre insiste sur la nécessité de tenir les comptes, sans détailler les moyens d'y parvenir. Pour des raisons politiques évidentes. Toujours cette absence de majorité absolue à l’assemblée ; difficile avec ce contexte incertain de tracer les grandes lignes du prochain budget. Concernant le pouvoir d’achat, Elisabeth Borne privilégie la manière douce en appelant les entreprises « qui le peuvent » à augmenter les salaires. Les mesures de défense du pouvoir d'achat seront présentées aujourd'hui, les faire adopter à l'assemblée sera un premier test pour l'équipe d'Elisabeth Borne. On verra si les convergences qu'elle a appelé de ses vœux hier, sont possibles sur un sujet prioritaire pour les Français.
Sur la réforme des retraites, Elisabeth Borne assume, avec prudence
La certitude, c'est qu'il faudra bien la faire cette réforme : « notre pays en a besoin » a-t-elle souligné. Sans donner un seul indice sur le contenu de cette réforme. On ne sait pas si son gouvernement a l’intention de reculer l’âge de la retraite - le président Macron avait proposé un départ à 65 ans puis à 64 ans entre les deux tours-, ou bien si la balance penche en faveur d’un allongement de la durée des cotisations. Sur un sujet aussi explosif, il n'y a même pas de calendrier. Pour les retraites comme pour l'ensemble de son programme le gouvernement devra surtout soigner sa méthode. Elisabeth Borne s'y emploie. Elle dit vouloir chercher le compromis. Avec les élus locaux et les partenaires sociaux, des acteurs délaissés pendant le premier quinquennat.
Les marchés de matières premières ont reculé de 20% depuis le mois de juin.
C'est ce que nous apprend l'indice de Bloomberg qui agrège 23 produits, allant de l'énergie aux métaux en passant par les denrées agricoles. Ce repli soudain reflète les craintes de la récession. Cette détente va réactiver la demande, ce qui pourrait relancer la hausse des cours dans un contexte d'offre toujours très tendu.