Multinationales et inégalités multiples
La fortune des cinq hommes les plus riches au monde a plus que doublé entre 2020 et 2023, selon l'ONG qui exhorte à taxer davantage les milliardaires
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À l'occasion du forum économique annuel de Davos qui s'ouvre ce lundi dans la station suisse, l’association Oxfam dévoile son rapport 2024 « Multinationales et inégalités mondiales ». Deux conclusions sont mises en avant : les milliardaires n’ont jamais été aussi nombreux et les inégalités entre pays du Sud et du Nord ont explosé.
60% de l’humanité s’est appauvrie en 2023 et dans 9 cas sur 10, c'est dans un pays du Sud que vivent ces personnes.
Au contraire, les deux tiers des milliardaires sont encore basés dans un pays du Nord. Et leur fortune a augmenté depuis 2020 en moyenne trois fois plus que l’inflation. La fortune des cinq hommes les plus riches au monde est passée entre 2020 et 2023 de 405 milliards de dollars à 869 milliards de dollars, et celle des milliardaires a augmenté de 3300 milliards de dollars, déplore l'ONG dans un rapport.
L’ONG explique ces inégalités par le poids des multinationales auxquelles les grandes fortunes s'adossent en participant au capital. « En faisant pression sur les travailleurs et les travailleuses avec des salaires qui augmentent moins vite que l'inflation, en évitant l'impôt, en privatisant l'État et en participant grandement au réchauffement climatique, les grandes entreprises creusent les inégalités », écrit l'organisation internationale. Pendant ce temps, le patrimoine et les revenus cumulés de cinq milliards de personnes sur Terre ont reculé, compare Oxfam. Dans ce monde, le Nigérian Aliko Dangote, magna du ciment et personne la plus riche d’Afrique, fait toujours figure d’exception.
Face à ce constat, Alexandre Poidatz, responsable inégalité-climat chez Oxfam France, interpelle les pouvoirs publics : « On appelle à un retour de l'État protecteur et régulateur. On appelle à réguler ces multinationales et à mettre en place une fiscalité plus juste. »
Encadrement des bénéfices des actionnaires, ISF climatique, conditionnement des aides publiques, Oxfam veut porter ces propositions à l’international. Et il bénéficie de premiers résultats : « Il est possible - et certains pays le font, le Chili, la Colombie, l'Espagne - de taxer davantage les très riches. Et on a la chance cette année d'avoir la présidence du G20 qui est assurée par le Brésil qui mettra ce sujet-là à l'agenda et qui pourra aboutir à une décision en juillet cette année. »
Une nouvelle encourageante, mais encore faudrait-il qu’elle soit suivie par les pays du Nord, riches en multinationales.