Les prix du pétrole bondissent à la suite de l’annonce d’importantes coupes de production
L’Opep+ a décidé de nouvelles baisses de production, pour un volume total d’environ 1,16 million de barils par jour. Lundi 3 avril au matin, le baril de Brent a gagné 5,68 % et celui de brut léger américain 5,67 %
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Les prix du pétrole bondissent de plus de 5% ce lundi 3 avril. Le baril de Brent, la référence mondiale, part pour 84 dollars, celui de WTI américain frôle les 80 dollars. Une brusque hausse après que mi-mars, le brent était tombé à son plus bas niveau en deux ans. Une baisse qui laissait alors entrevoir un répit sur le front de l'inflation.
L'explication de cette nouvelle flambée est simple : plusieurs grands pays producteurs se sont entendus sur des coupes dans la production. L'Algérie, l'Irak, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Oman et le Koweït réduiront leur production dès le mois de mai, et ce, jusqu'à la fin de l'année. Au total, ce sont un million de barils par jour de moins qui arriveront sur le marché, Riyad représente à elle seule la moitié de cette baisse. À elle seule, l'Arabie saoudite prévoit de réduire sa production de 500 000 barils par jour à compter du mois de mai, et ce, jusqu’à la fin de l'année.
Cette nouvelle coupe dans la production mondiale est la plus importante depuis celle décidée en octobre 2022 par l'Opep+, une coupe alors de 2 millions de barils par jour. Et c'est un nouveau camouflet pour Washington, car les États-Unis appelaient au contraire à augmenter l'extraction de pétrole pour tenter de limiter l'inflation. Une inflation qui, certes, ralentit, mais reste à des niveaux élevés. Or, dans le même temps, après sa politique « zéro-Covid », la Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre son économie, de quoi créer un appel d'air.
Mesure de « précaution »
Et c’est cette même inflation qui aurait conduit les géants pétroliers à mettre la pédale douce. Selon un analyste, la demande en pétrole reste menacée par l'inflation et les pressions récessionistes. Riyad évoque une mesure de « précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier ». En mars, le pétrole est tombé à son plus bas niveau en quinze mois – avec un baril de Brent qui s’échangeait contre un peu plus de 70 dollars, rappelle notre correspondant à Dubaï, Nicolas Keraudren. Mais depuis, les prix sont pourtant repartis à la hausse. Moscou estime aussi que ces coupes sont dans l'intérêt du marché mondial.
Cette décision « surprise » sert aussi servir les intérêts économiques de l’un des plus grands exportateurs de pétrole au monde, analysent les experts. Il y a tout juste deux semaines, le ministre saoudien des Finances avait d’ailleurs déclaré que l'or noir est une source de revenus « très importante » pour le royaume. Un « catalyseur » qui lui permet notamment d’investir dans sa couteuse stratégie de diversification économique.
Janet Yellen dénonce la décision de l'Opep et de la Russie
Le baril américain et le baril européen ont bondi de 6,3% lundi 3 avril, en réaction à la décision surprise de l'Opep et de la Russie de réduire leur production de pétrole. Washington est outré, mais impuissant.
Janet Yellen, la Secrétaire au Trésor des États-Unis, qualifie de « regrettable et non-constructive » la décision de l'Opep et de son alliée, la Russie. Elle rappelle que la chute des cours du pétrole de 34% depuis juin 2022 a contribué à faire baisser l'inflation et redonne du pouvoir d'achat aux consommateurs.
La remontée des cours peut maintenant freiner la baisse de l'inflation et compliquer la politique des banques centrales, en particulier de la réserve fédérale, explique Pierre-Yves Dugua de RFI. Les États-Unis, premier producteur mondial de pétrole, ne peuvent augmenter rapidement leur production, pour palier la réduction de l'offre décidée par l'Opep, à la surprise générale.
Les stocks de pétrole aux États-Unis grimpent depuis le début de l'année et se retrouvent au plus haut depuis deux ans. L'Opep professe simplement de vouloir aligner l'offre sur une demande mondiale faiblissante.
L'alignement de Riyad et de Moscou pour contrer les effets des sanctions occidentales sur le prix du pétrole russe reste très mal vu par Washington.