Transition énergétique : l’offre de minéraux critiques sera insuffisante, estime l’AIE
Ces vingt dernières années, le monde a produit une quantité historique de métaux différents. Un signe de transition énergétique mais aussi de surconsommation qui engendre une extraction très polluante
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Pour sortir des énergies fossiles, la planète doit se tourner massivement vers les énergies renouvelables et l’électrification des transports ou encore de l’industrie. Mais il faut faire vite. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) craint des tensions sur l’approvisionnement en lithium et en cuivre dans les années à venir.
L’AIE dresse un nouvel état des lieux des investissements autour des métaux « critiques » et des perspectives d’ici à 2040. L’agence s’inquiète d’un décalage entre la production de certains métaux (cuivre, lithium…) et la demande anticipée.
Les métaux « critiques », c’est quoi ?
Les définitions précises peuvent varier mais il s’agit des métaux ou minerais nécessaires pour la transition énergétique. Le cuivre, le lithium, le cobalt, le nickel, le manganèse, le graphite ou encore les terres rares en font partie. Plus généralement, il s’agit de métaux nécessaires à la fabrication de batteries, d’éoliennes, de panneaux solaires ou encore d’électrolyseurs. L’Union européenne a établi sa propre liste et s’est fixée des objectifs d’extraction et de recyclage de plusieurs de ces métaux, par crainte de tensions économiques ou diplomatiques autour de l’approvisionnement dans certains de ces minerais.
Pourquoi le prix des métaux a baissé ces derniers mois ?
En 2023, les cours du lithium ont baissé de 75%. Le cobalt et le nickel ont perdu près de 40% de leur valeur. Plusieurs autres métaux de la transition énergétique ont aussi vu leur prix chuter sur les marchés mondiaux. Cette chute est liée en partie à une demande plus faible que celle attendue par les investisseurs et à des stocks importants de certains métaux chez des producteurs miniers. Cela a eu pour effet une baisse de 14% du prix des batteries l’an dernier, souligne l’AIE. Cette baisse est la bienvenue pour les consommateurs étant donné le prix élevé des voitures électriques par rapport aux voitures thermiques.
Pourquoi ce n’est pas forcément une bonne nouvelle ?
Il y a un effet pervers. Si le prix des métaux baisse, il n'est plus forcément rentable pour les entreprises privées d'investir dans certaines mines par exemple celles dans lesquelles extraire du lithium, du nickel ou encore du cobalt est plus cher qu'ailleurs. Les investissements dans les métaux de la transition énergétique ont tout de même augmenté de 10% l'an dernier, constate l’AIE, mais moins vite qu'en 2022. Pour le cuivre ou encore pour le lithium, faute d'investissements suffisants, la production de cuivre ne permettrait de répondre qu’à 70% de la demande mondiale. Pire, celle de lithium ne répondrait qu’à 50% de la demande estime l'agence internationale de l'énergie.
Des besoins d’investissement massifs d’ici à 2040
Pour sortir des énergies fossiles très polluantes et construire assez d'éoliennes, de panneaux solaires ou encore de batteries électriques afin de rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement de la planète, il faudrait investir 770 milliards de dollars dans les mines d'ici à 2040, selon l’AIE. Sans compter les investissements dans le recyclage des batteries par exemple. Cette mesure est jugée à la fois indispensable pour réduire les risques de tensions sur l’approvisionnement et pour limiter des dommages environnementaux inutiles. Les mines sont aussi synonymes de pollution au niveau local ou encore de pressions sur les ressources en eau.
Une forte concentration des capacités de raffinage
L'agence internationale de l'énergie s'inquiète aussi de la forte concentration des capacités de raffinage des métaux de la transition dans un pays : la Chine. « Plus de la moitié du processus de fabrication du lithium et du cobalt se passe en Chine. Et le pays domine l'intégralité de la chaîne de production du graphite » utilisé aussi bien dans les batteries que dans l'industrie nucléaire, selon le rapport. C'est donc un risque pour l'approvisionnement d'autres pays, en cas de tensions géopolitiques, souligne encore l’agence.