Les Palestiniens, partout dans le monde, commémorent aujourd'hui le 76ᵉ anniversaire de la Nakba, la catastrophe, c'est-à-dire la création de l'État hébreu qui a poussé sur les routes des centaines de milliers de personnes. Sept décennies plus tard, cet exode n'est toujours pas fini, d'après l'Unrwa : 450 000 personnes ont fui Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tandis que l’armée israélienne continue de pilonner cette ville stratégique, à la frontière égyptienne. Médecins sans frontières (MSF) vient d’évacuer l’hôpital dans lequel il travaillait à Rafah, à cause des bombardements.
Des Palestiniens à nouveau déplacés, une aide humanitaire qui ne rentre quasiment plus, un système de santé au bord de l’effondrement... La situation sanitaire est catastrophique à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
C’est le douzième hôpital que Médecins sans frontières (MSF) évacue en sept mois de guerre avec des conséquences catastrophiques pour les patients. Qui se retrouvent dans des hôpitaux de campagne, dans des conditions précaires. Et ils ne peuvent pas être évacués vers l’Égypte. Parce que le point passage de Rafah a été pris par l’armée israélienne et il est désormais fermé. Ça a des conséquences naturellement sur l’aide humanitaire et médicale.
« Nous n’avons pas pu avoir d’entrée d’aide humanitaire depuis le 6 mai, constate Guillemette Thomas, coordinatrice médicale de MSF Palestine, basée à Jérusalem. Ça concerne les médicaments, le matériel médical, la nourriture évidemment, qui est un problème crucial. Mais il y a également le problème de fioul, qui a un impact direct sur le fonctionnement des hôpitaux. Tous les hôpitaux fonctionnent sur générateur. S’il n’y a pas de fioul, il n’y a pas d’électricité. Donc, les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner. »
Des personnels de santé ont peur de travailler
L’autre conséquence de la fermeture du point de passage de Rafah, c’est que personne ne rentre, ni ne sort. MSF a 23 personnels de santé étrangers bloqués à l’intérieur de Gaza depuis l’opération israélienne sur Rafah. Ceux qui devaient les remplacer ne peuvent pas rentrer. Les médecins palestiniens, eux, sont épuisés après sept mois de guerre.
Selon Guillemette Thomas, certains ont, à présent, peur d’aller travailler. « Il y a un hôpital à Rafah qui fonctionne aujourd’hui à mi-régime, non pas parce qu’il est dans une zone d’évacuation, mais parce que le personnel a peur d’y aller travailler. Ils ont vu ce qu’il s’est passé à l’hôpital al-Chifa, à Nasser, avec les arrestations des personnels de santé, avec les destructions des structures de santé », poursuit l'humanitaire.
Aujourd’hui, selon l’OMS, les deux tiers des hôpitaux de Gaza sont hors service, c’est-à-dire 24 sur 36. Les autres fonctionnent, on l’a compris dans des conditions très précaires.
RFI