JO 2024: des géants du BTP assignés devant un tribunal par des travailleurs africains
Dix travailleurs, depuis régularisés, dénoncent depuis plusieurs mois leur «exploitation» sur ces chantiers.
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Dix ouvriers, originaires du Mali ou du Congo, ont assigné plusieurs géants du bâtiment aux prud'hommes, notamment pour obtenir la "reconnaissance" de leur travail et le versement des arriérés de salaires. Ils travaillaient sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris. Sans-papiers à l'époque des faits, ils ont depuis été régularisés. Ils dénoncent des conditions de travail selon eux comparables à celles des chantiers de la Coupe du monde au Qatar.
Les dix travailleurs, depuis régularisés, qui dénoncent depuis plusieurs mois leur "exploitation" sur ces chantiers où ils ont œuvré sans contrat de travail ni fiche de paie, demandent "la reconnaissance d'un contrat de travail, requalifié en CDI à temps plein". C'est ce qu'a expliqué le syndicaliste Richard Bloch, confirmant une information de Franceinfo. Défenseur syndical à la CGT, il avait accompagné ces ouvriers dans leur processus de régularisation.
Travail sans contrat, sans fiche de paie, sans congés
Ces ouvriers pointent le fait d'avoir travaillé sur les chantiers des JO, notamment le village olympique, sans contrat de travail, sans fiche de paie, sans congés payés ni heures supplémentaires.
Ces dix ouvriers sont originaires du Mali ou de République démocratique du Congo et ils vivent en France depuis plusieurs années.
Aujourd'hui ils demandent des comptes à leurs anciens employeurs directs, huit sociétés sous-traitantes, mais également aux quatre géants du BTP.
L'assignation devant le conseil des prud'hommes vise quatre géants du secteur, Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC, principaux maîtres d'ouvrage des futurs sites olympiques, mais aussi huit sous-traitants qui employaient directement ces travailleurs africains, pour beaucoup originaires du Mali.
Parmi les géants du BTP, seul Spie-Batignolles a réagi auprès de nos confrères de Franceinfo, assurant tout faire pour que les travailleurs soient en règle.
Dans le dossier déposé le 31 mars, le syndicat et les ouvriers demandent également le versement des "arriérés" de salaires impayés, la reconnaissance d'un "licenciement sans cause réelle et sérieuse", et que soit engagée "la responsabilité des maîtres d’œuvre" dans le recours à ce travail irrégulier.
D'autant que, d'ici à ce que l'affaire soit audiencée au conseil des prud'hommes en octobre, selon la CGT, les sous-traitants pourraient tout simplement s'évaporer dans la nature."Ce qui coûte le plus cher aux géants du BTP, ce n'est pas de payer ces salaires, c'est leur image de marque écornée", estime Richard Bloch auprès de l'AFP.
Il y a un an, le parquet de Bobigny avait ouvert une enquête préliminaire notamment pour "travail dissimulé" et "emploi d'étranger sans titre en bande organisée" après que des contrôles eurent permis d'identifier plusieurs travailleurs irréguliers sur un chantier olympique.
Combien de personnes sans papiers et sans contrats de travail sur le chantier du grand Versailles ? La Solidéo, la Société de livraison des ouvrages olympiques évoque une centaine de cas sur 850 contrôles.
Interrogé par TV5MONDE, Ibrahim, 29 ans, travailleur malien électricien depuis 5 ans fait partie de ces jeunes maliens sans papier. " Pour travailler j'emprunte des papiers d'un de mes amis. Les employeurs ferment les yeux. Ils ont besoin de nous."
Un travailleur sur 8 sans papier ?
Les conditions de travail des travailleurs sur les chantiers de Jeux olympiques et du Grand Paris régulièrement pointés du doigt. Les dix ouvriers qui portent plainte contre leur employeurs affirment avoir dû acheter eux-même leur materiel de protection. Le code du travail impose aux employeurs de fournir ce materiel.
La quasi-totalité des chantiers du colossal projet de transports du Grand Paris Express (GPE), soit 140 sites, était à l'arrêt le 10 mai dernier pour une journée de sensibilisation à la sécurité, après un cinquième accident du travail mortel début avril. Un jeune apprenti malien de 21 ans avait trouvé la mort sur la construction de la ligne 17.
Le Malien Seydou Fofana, arrivé en 2019, était mort écrasé début avril par un bloc de béton, sur le chantier du métro du Grand Paris.