Les sanctions contre la Russie sont-elles vraiment efficaces?
Jamais un pays du G20 n'a subi des mesures de rétorsion d'une telle ampleur. Mais plusieurs pays, comme l'Iran ou la Corée du Nord, ont été sanctionnés bien plus durement. Ces sanctions n'ont toutefois pas infléchi la politique des nations visées.
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Depuis l’intervention militaire de la Russie en Ukraine et l’annexion de plusieurs des territoires de cette dernière, les sanctions économiques décrétées par les pays occidentaux à l’encontre de la Russie peinent à se faire sentir. Les sanctions économiques sont-elles efficaces pour s’asseoir à la table des négociations ?
En réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les grandes puissances occidentales ont préféré faire usage de l’arme économique. Ces sanctions économiques visent à affaiblir économiquement la Russie de Vladimir Poutine afin de la contraindre à se retirer de l’Ukraine. Selon le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, les sanctions économiques « feront très mal à la Russie ». Reste maintenant à savoir si ces déclarations se confirment et si les sanctions sont suffisantes et efficaces.
La Russie a-t-elle les moyens d’être indépendant de l’Europe ?
La Russie à elle seule représente 40% des importations de gaz au sein de l’Union européenne, 25% de pétrole et se trouve également être le premier exportateur mondial de blé. L’Union européenne n’est donc pas vraiment en position d’affaiblir l’économie russe, même si l’inflation en Russie a atteint les 8% et que le pouvoir d’achat a diminué de 10% en dix ans. La Russie peut en effet trouver d’autres acheteurs en Asie par exemple, au Moyen-Orient, en Afrique ou encore en Amérique du Sud. Selon le Président Poutine, le monde ne se réduit pas à « l’Occident » seulement. Par ailleurs, l’économiste et professeur au Collège de France entre autres, Philippe Aghion, affirme « Je ne crois pas du tout à l’efficacité des sanctions contre la Russie ». De même, l’ancien Président russe, Dmitri Medvedev, en est venu à déclarer « Bienvenue dans un monde nouveau où les Européens vont bientôt payer 2 000€ pour 1 000 m3 de gaz » et le vice-président de la Douma, Piotr Tolstoi, a clairement menacé l’Europe en affirmant que « l’Europe va payer le prix de son soutien à l’Ukraine par la voie économique ».
Le rouble russe atteint son plus haut niveau
Après neuf mois de conflit et un nombre important de sanctions contre la Russie, nous ne constatons aucun changement sur le terrain, Poutine poursuivant son objectif de faire tomber « le régime de Zelensky et dénazifier l’Ukraine » à n’importe quel prix. Néanmoins, l’économie russe semble constante, la monnaie russe, le rouble, a même atteint son plus haut niveau depuis le début de la guerre. « Les exportateurs comme Gazprom reçoivent des devises, mais la loi russe les oblige à les convertir aussitôt en roubles. Cela permet de soutenir mécaniquement le rouble à un haut niveau », déclare Evgueni Mardochin, économiste russe.
En usant de la stratégie des sanctions, les Américains et les Européens en tireront-ils une réussite ou bien au contraire, un échec ?
Il est très difficile de prédire si certaines sanctions permettront d’atteindre les objectifs des occidentaux. Paolo Pasquariello, économiste et professeur de finance à l’Université du Michigan aux Etats-Unis, explique que les sanctions économiques n’ont pas souvent été efficaces. En effet, la Corée du Nord en constitue un parfait exemple en étant un des pays les plus isolés du monde mais dans lequel « les sanctions n’ont pas réussi à empêcher le développement d’armes nucléaires ». De plus, le chercheur et professeur d’économie internationale français, Thierry Coville, considère que « historiquement, on n’a quasiment aucun cas où les sanctions ont eu l’effet escompté. Elles sont mises en place pour rassurer la population et montrer qu’on agit sans avoir à entrer en guerre ». Un jeune docteur en Relations Internationales et Economie politique Internationale ajoute que « les sanctions ont un rôle de communication politique ». Enfin, le 4 décembre 2022, Victor Orban, Premier Ministre de la Hongrie, a déclaré que « les sanctions contre la Russie ne nous ont pas rapprochés d’un millimètre de la fin de la guerre », mais pour Joseph Borrell et les représentants européens, les sanctions sont efficaces et « nous continuerons de le faire ».