Accusé d’actes d’ordre sexuels avec des enfants, un ancien entraîneur de foot a tout nié en bloc devant le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers, à Boudry. Acquitté dans une procédure précédente, cet avocat-entraîneur actif sportivement à La Chaux-de-Fonds réfutait de nouvelles accusations portées par trois plaignants, mais le Tribunal pénal de Boudry l’a condamné ce matin à une peine de 22 mois d’emprisonnement, avec sursis pendant trois ans. Une peine assortie d’un suivi psychothérapeutique.
«Ce qui nous importe, c’est qu’il ne puisse plus jamais entraîner», indiquait une maman avant le jugement prononcé en présence des plaignants. Elle a été satisfaite sur toute la ligne. Des indemnités pour tort moral de 1000 et de 8000 francs ont été allouées, mais le prévenu contestera la sentence auprès du Tribunal cantonal.
Lors de son interrogatoire, le prévenu quadragénaire avait contesté les gestes déplacés qui lui sont attribués, cinq ans après un premier procès ponctué par un acquittement, qu’il faisait valoir auprès des mamans inquiétées par des rumeurs à son sujet.
L’enquête a conclu à des attouchements commis sur cinq victimes entre 2017 et 2020. L’avocat-entraîneur était subsidiairement prévenu de contraintes. Certains actes étaient déplacés, mais pas pénalement répréhensibles.
Un plaignant a entamé un apprentissage dans l’étude d’avocat de son entraîneur, en 2019. C’était pour lui une figure paternelle, engagée et généreuse envers des mineurs en difficultés scolaires ou familiales. Selon ce plaignant, l’ancien entraîneur des juniors lui ordonnait de se déshabiller entièrement quand il commettait des erreurs à l’étude.
Un autre plaignant dormait à l’étude, dès 2020. Dans le même lit que l’avocat qui posait sa main sur son sexe? Pas selon le prévenu, qui conteste aussi avoir administré des fessées et des claques. Il pinçait les parties intimes en jouant, il savonnait, séchait, crémait des juniors sans avoir d’érection, ce qui a fait dire à la procureure que «son impuissance le perturbe».
Pas d’érection
«Ce n’est pas parce que le prévenu n’avait pas d’érection qu’il n’était pas excité», a estimé la procureure en précisant que c’est «l’emprise qui l’excite».
Le Ministère public neuchâtelois a requis une peine de prison de trois ans, dont un an ferme et deux ans de sursis pendant cinq ans, assortie de mesures d’éloignement. La procureure Sarah Weingart a demandé des mesures thérapeutiques, ainsi qu’une interdiction à vie d’exercer avec des jeunes.
Le Matin