L’armée russe s’est emparée vendredi 4 mars de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporijia, dans le sud-est de l’Ukraine, ont annoncé les autorités régionales. Le personnel de la centrale, située dans la ville d’Enerhodar, inspecte l’état des réacteurs pour s’assurer que les protocoles de sécurité sont respectés, ont-elles ajouté.
La centrale, qui compte six réacteurs nucléaires, a été touchée dans la nuit par des frappes russes. Un bâtiment a pris feu, faisant craindre une immense catastrophe nucléaire. Le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a sonné l’alerte sur Twitter dans la nuit : « L’armée russe tire de tous côtés sur la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Le feu s’est déjà déclaré. S’il explose, il sera dix fois plus gros que Tchernobyl ! Les Russes doivent immédiatement cesser de tirer, autoriser les pompiers à entrer, et établir une zone de sécurité ! » De son côté, l’Agence internationale de l’énergie atomique a appelé « à cesser l’usage de la force » et averti d’un « grave danger si les réacteurs sont touchés ». Son directeur général, Rafael Mariano Grossi, devait tenir une conférence de presse vendredi dans la matinée.
Selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale. « Ces chars sont équipés de viseurs thermiques donc ils savent ce qu’ils font, ils s’étaient préparés », a-t-il affirmé dans une vidéo. Dans un premier temps, les soldats russes ont empêché les services de secours de se rendre sur le site pour éteindre l’incendie. Ces derniers n’ont pu y accéder qu’au petit matin.
« Terreur nucléaire »
Après plusieurs heures d’incertitude, les lieux ont été sécurisés et les réacteurs ont été « arrêtés en toute sécurité », ont annoncé des responsables américains, en lien avec Kiev. L’incendie, qui n’a fait aucune victime, a été éteint par les pompiers ukrainiens à 6 h 20, heure locale. Il a touché un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire. L’attaque n’a touché aucune installation « essentielle » de la centrale, et la sécurité nucléaire n’a pas été affectée, ont assuré l’AIEA et les autorités ukrainiennes. « La sécurité nucléaire est maintenant garantie », a affirmé Oleksandre Staroukh, chef de l’administration militaire de la région de Zaporijia.
Le Monde