Inflation, Prix de l’énergie: le Noël du mécontentement en Europe
L’inflation et le prix de l’énergie s’annoncent les fêtes au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et en Allemagne moroses.
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Hôpitaux, trains, transport aérien… Au Royaume-Uni, aucun secteur n’est épargné par la contestation sociale qui gronde depuis cet été. Ce sont donc des milliers de fonctionnaires qui s’apprêtent à passer les fêtes sur le piquet de grève.
Depuis les années 70, l’ampleur de ces débrayages est inédite. Tous réclament la même chose : une revalorisation de leur salaire indexée sur l’inflation, une inflation qui flirte aujourd’hui avec les 11 %.
Sans avion ni train, les Britanniques qui décideront de prendre leur voiture pour rejoindre leur famille pourraient ne pas être épargnés non plus, puisque des agents autoroutiers font, eux aussi, grève jusqu’au 7 janvier. Résultat : certains, à l’image de Simon, ne vont pas prendre le risque de quitter Londres : « On va fêter Noël chez ma mère, en comité réduit. D’habitude, on va voir la famille dans le Kent (sud-est de Londres, NDLR), mais entre les perturbations et la météo, on ne tente pas le coup ».
Sans Elizabeth II, « ce sera forcément différent… »
Au-delà de la contestation sociale qui gronde et du budget réduit des ménages, cette année, ce ne sera pas un Noël traditionnel pour les Britanniques qui ont perdu leur reine bien aimée. C’est la première fois en 71 ans qu’Elizabeth II, qui est décédée le 8 septembre, ne transmettra pas ses vœux à la télévision depuis le palais de Buckingham. Pour Diane, qui n’a jamais manqué la moindre allocution télévisée de la souveraine, cette année sera plus triste : « Ce sera forcément différent… C’était notre rituel à Noël, on arrêtait ce qu’on était en train de faire, on faisait taire tout le monde et on allumait la télé pour la voir et l’écouter. On respecte Charles, mais on aimait Elizabeth et on a un peu l’impression d’avoir perdu quelqu’un de notre famille. Voilà, ce sera notre premier Noël sans elle… ».
Ce dimanche, c’est donc le discours d’un roi, pas encore couronné - ce sera le cas le 6 mai 2023 -, que les Britanniques écouteront à la BBC. Un souverain qui aura la lourde tâche de redonner le moral à tout un pays.
En Italie, une petite liasse de billets en cadeau ?
En Italie, comme un peu partout en Europe, les fêtes de fin d’année sont placées sous le signe de la morosité. Côté cadeaux, la tendance est aux choses utiles, à l’image d’une petite liasse de billets, le don le plus « trendy » en cette période de crise, affirme une enquête rédigée par l’institut Ipsos.
Ce sont les petits Italiens qui risquent de trinquer, les ménages ayant décidé d’économiser sur le dos de leurs enfants pour pouvoir déposer des enveloppes destinées aux adultes sous le sapin.
En ce qui concerne le réveillon de Noël, pas question de renoncer à la tradition. Mais sans devoir pour autant racler les fonds de tiroir. Depuis plusieurs jours, les ménagères se sont lancées dans la chasse aux promos pour dénicher, par exemple, des panettones à petits prix, ce dessert typique de Noël ayant augmenté en moyenne de 37 % depuis l’an dernier.
En Espagne, on va fêter Noël, mais en faisant des économies
Après une année difficile, Noël et les Rois mages sont très attendus par nos voisins espagnols. Car, malgré la hausse globale des prix, ils comptent bien se réunir en famille.
D’après une enquête d’Accenture, ils vont dépenser en moyenne 497 € pendant les fêtes, soit 5 % de moins que l’année dernière. Entre 20 % et 30 % des Espagnols consommeront moins qu’ils ne le souhaiteraient, en raison de l’augmentation globale des prix.
Si certaines grandes villes ont décidé de réduire leurs illuminations de Noël, Madrid a maintenu les mêmes décorations que les autres années et ce, malgré la crise énergétique. Ses rues sont bondées : les nombreuses illuminations font le bonheur des petits et des grands, et oublier, le temps d’un instant, ce contexte économique compliqué où plus de 6 personnes sur 10 vivent des fins de mois difficiles.
En Allemagne, la colère gronde
« N’ayez pas peur… que tout soit différent » : en Une, l’hebdomadaire « Stern » reprend le message de l’Évangile pour tenter de rassurer des Allemands qui se trouvent au beau milieu d’un gigantesque bouleversement géopolitique. Car Berlin se situe à mi-chemin entre Paris et Kiev.
La montée des prix est le signe le plus tangible de la crise que subit l’homme de la rue, baptisé M. Dupont en France et M. Schmidt en Allemagne. Une inflation, même si elle a faibli le mois dernier, restée supérieure à 10 %. Ce qui est une différence notable par rapport à la France, où elle est restée plus contenue.
On est en colère contre la politique du gouvernement, mais ici, on oublie !
Sur le marché de Noël de Nuremberg, les spécialités locales, saucisses du cru ou « Lebkuchen », biscuit aux épices recouverts d’un glaçage de sucre, subissent des augmentations de 50 cents. Au comptoir de bois, Heidi et Steffi trinquent au vin chaud sous les guirlandes de lumières : « Nous voulions décompresser. On est en colère contre la politique du gouvernement, mais ici, on oublie ! ».
Selon un sondage de l’institut Allensbach, 2022 a été la pire année pour 61 % des Allemands. De la saturation des hôpitaux aux pénuries de médicaments pédiatriques en passant par un réseau ferroviaire en panne, la colère gronde dans un pays qui a sorti son carnet de chèques (100 milliards d’euros pour la défense, 200 milliards pour l’économie) pour répondre au défi.