Le nouveau projet de gaz naturel liquefié (GNL) transporté via l'Arctique prend forme en Russie. Vladimir Poutine a donné son coup d'envoi jeudi 20 juillet à Mourmansk pour commencer le transport en mer de cette nouvelle chaîne de production. Baptisé Arctic LNG 2, ce projet à 21 milliards de dollars renforce l'exploitation de cette route rendue praticable avec le réchauffement climatique et rebat les cartes géostratégiques de la région.
Passer par la mer, la Russie le fait déjà sur sa côte Pacifique. Son gaz naturel liquefié (GNL), ce gaz refroidi à -160° pour arriver à une forme liquide, y est envoyé vers l'Est. Mais Vladimir Poutine voit plus grand : atteindre 20% de la production mondiale d'ici à 2035, contre 8% aujourd'hui.
« L'idée, c'est d'atteindre les marchés qui consomment du GNL, à la fois l'Asie et l'Europe, et surtout qui ne sont pas liés à des pipelines. Le transport par pipeline a considérablement chuté en 2022, environ 50% par rapport à 2021. Et ça, c'est dû à une décision unilatérale de la Russie », décrypte Carole Etienne, analyste gaz naturel et GNL à l'Agence internationale de l'énergie.
La route du Nord, déjà ouverte
Passer par le Nord, la Russie l'a déjà fait aussi, avec le projet Yamal. C'est lui qui a ouvert en 2017 la route de l'Arctique, devenue praticable avec notamment le réchauffement climatique. Mais les navires brise-glaces indispensables en hiver sont très couteux à utiliser.
Le projet Arctic LNG 2 prévoit donc deux terminaux placés en mer pour transborder le GNL vers des navires conventionnels et donc, moins cher. Il est porté à 60% par l'entreprise russe Novatek. Le reste du financement est partagé entre Chinois et Japonais. Le Français TotalEnergies, lui, s'est retiré de la partie après le début de la Guerre en Ukraine.
Il est prévu que le projet atteigne une capacité de production de 19,8 millions de tonnes de GNL par an grâce à trois lignes de production, en puisant dans le riche gisement de gaz d'Utrenneye à proximité. La Russie espère que cette voie de l'Arctique soit en mesure à l'avenir de concurrencer le canal de Suez pour le commerce des hydrocarbures.
RFI