En Chine, la banque centrale baisse ses taux d’intérêt, désormais à leur plus bas historique
À rebours des principales économies dans le monde en lutte contre l'inflation, la Chine a décidé de réduire de 3,55% à 3,45% le taux d'intérêt à un an, qui sert de référence pour les prêts aux entreprises. C'est la deuxième fois à une semaine d'intervalle. Pékin n'a pas touché au même taux que la semaine dernière, mais l'objectif reste le même : soutenir une économie à la peine.
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Pour tenter de redynamiser une croissance qui n'a pas décollé malgré la levée des restrictions sanitaires (du premier au deuxième trimestre 2023, le PIB chinois n'a progressé que de 0,8%) la Chine réduit une nouvelle fois l'un de ses taux pour encourager la consommation en berne.
Les prêts aux ménages au plus bas
Ce lundi, le LPR à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, a été réduit de 3,55% à 3,45% pour encourager l'accord de davantage de crédits et à des taux plus avantageux. Ce taux avait déjà été abaissé en juin. Les prêts aux ménages ont atteint le mois dernier leur niveau le plus faible depuis 2009.
Celui à cinq ans, référence pour les prêts hypothécaires, est quant à lui inchangé à 4,2%. Très suivis par les marchés, ces deux taux sont à leur plus bas historique. La banque centrale avait déjà réduit mardi dernier le taux pour ses prêts à moyen terme aux établissements financiers (MLF). Des analystes sondés par l'agence Bloomberg s'attendaient toutefois à une coupe plus importante du LPR, après une réunion vendredi entre la Banque centrale et les régulateurs financiers. Il y a été notamment évoqué la nécessité de « soutenir » davantage l'économie et réduire « les risques et dangers cachés », ont rapporté dimanche les médias officiels sans en préciser leur nature.
Une reprise qui s'essouffle sur fond de crise immobilière
Le secteur immobilier est aussi à la peine. Les déboires du promoteur Country Garden, longtemps réputé solide financièrement et désormais ultra endetté, font craindre une faillite aux conséquences incommensurables pour le système financier en Chine, deux ans après le début de la descente aux enfers de son concurrent Evergrande qui vient de se déclarer en faillite aux Etats-Unis. « Les problèmes d'endettement du secteur vont s'aggraver à mesure que l'économie chinoise se détériore et que les promoteurs peinent à générer des revenus », préviennent les analystes de SinoInsider, un cabinet spécialisé sur l'économie chinoise basé aux Etats-Unis. Signe de la fébrilité du marché : les prix de l'immobilier ont chuté en juillet à leur rythme le plus rapide depuis un an, selon des chiffres officiels publiés mercredi.
Les mauvaises séries d'indicateurs, qui se succèdent ces dernières semaines en Chine, accentuent la pression pour un vaste plan de relance dans la deuxième économie mondiale, ce que le pouvoir rechigne à faire pour ne pas creuser l'endettement. Le gouvernement multiplie en revanche les annonces bienveillantes à l'encontre du secteur privé, particulièrement éprouvé durant la crise sanitaire, mais aussi en faveur de la consommation avec notamment des déductions fiscales.
Un jeune sur cinq est au chômage
Mais ces mesures peinent jusque-là à faire effet, au moment où un jeune sur cinq est au chômage. Après un niveau record en juin selon les données officielles (21,3%), la Chine suspend dorénavant la publication mensuelle des chiffres détaillés de l'emploi pour les 16-24 ans. La conjoncture menace l'objectif de croissance fixé à environ 5% pour cette année par le gouvernement. Ce taux serait l'un des plus faibles depuis des décennies pour le géant asiatique hors période Covid.
La Chine a reconnu mercredi des « difficultés » économiques mais a fustigé le pessimisme de ceux en Occident qui doutent de sa capacité à soutenir la croissance mondiale. « Les faits leur donneront tort », a assuré Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Nous n'avons jamais reculé devant les problèmes, nous avons pris des mesures proactives pour les résoudre, et des résultats ont été ou sont en train d'être observés », a-t-il souligné mercredi dernier lors d'un point presse régulier. Il a souligné le fait que l'économie chinoise a connu une croissance de 5,5% sur l'ensemble du premier semestre. « C'est trois points de pourcentage de plus que le taux de croissance des Etats-Unis ».
La « complaisance » des investisseurs sur la situation économique de la Chine « a disparu »
Les difficultés chinoises pèsent sur les Bourses mondiales. Les marchés sont dans une « tempête d'été », marquée cette année par « la hausse des taux d'intérêt, la détérioration des données en Chine et le manque de liquidités », a indiqué vendredi Emmanuel Cau, analyste des actions européennes chez Barclays.
Désormais, la « complaisance » des investisseurs sur la situation économique de la Chine « a disparu », mais sans « une relance budgétaire à grande échelle », il est « peu probable que le sentiment à l'égard de la Chine s'inverse durablement de lui-même », fait-il valoir. L'indice mondial MSCI World s'achemine ainsi vers sa pire semaine depuis mars, au moment de la crise bancaire.