Pour tenter de lutter contre l’inflation qui s’élevait à 60 % le mois dernier, la Banque centrale turque a une nouvelle fois augmenté ce jeudi 23 novembre son taux directeur.
La Turquie ne parvient pas à sortir de la spirale infernale. La Banque centrale turque a décidé ce jeudi 23 novembre de relever son taux directeur de cinq points par rapport à octobre, pour le fixer à 40 %. C’est le sixième mois consécutif de hausse, et ce taux d’intérêt pour les prêts est désormais au plus haut niveau depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan.
«Le resserrement monétaire sera maintenu aussi longtemps que nécessaire pour garantir une stabilité durable des prix», a prévenu la Banque centrale. Avant de tenter de tenter rassurer : le niveau du resserrement monétaire est «très proche du niveau requis pour établir le cap de la désinflation. En conséquence, le rythme du resserrement monétaire ralentira et le cycle de resserrement s’achèvera dans un court laps de temps».
Depuis les élections de mai et la reconduction au pouvoir du président Erdogan, la nouvelle équipe à la tête de la Banque centrale et du ministère de l’Economie a fortement fait remonter le taux directeur - qui était à 8,5 % en début d’année - afin de tenter de réduire l’inflation. Celle-ci a atteint le mois dernier 61,36 %, selon les statistiques officielles.
Crise profonde
La nécessité de relever les taux au plus haut niveau depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2002 indique, selon les économistes, la profondeur de la crise dans laquelle le pays est plongé à la suite des politiques menées par le chef de l’Etat turc. Le président Erdogan a longtemps défendu, à contre-courant des théories orthodoxes, que les taux d’intérêt élevés étaient à l’origine de l’inflation.
Le président turc a été réélu en mai dernier en s’engageant durant sa campagne à ne jamais autoriser la Banque centrale à relever son taux directeur tant qu’il serait au pouvoir. Il a cependant changé de cap, en nommant une nouvelle équipe d’économistes respectés, formés à Wall Street et dans le privé, chargés de sortir la Turquie de la crise qui altère gravement le quotidien des Turcs.
Le taux d’inflation annuel officiel de la Turquie a culminé à 85 % en octobre dernier puis, après une nette réduction durant la campagne, a de nouveau bondi à 61 % en octobre.
Depuis deux ans, la Turquie s’est enfoncée dans la crise économique : Erdogan avait ordonné à la Banque centrale, théoriquement indépendante, de réduire son taux directeur, suscitant alors une flambée de l’inflation. La livre turque s’était rapidement effondrée quand les Turcs, pour tenter de sauver leurs économies, ont commencé à acheter des dollars et de l’or afin de se prémunir contre de nouveaux chocs économiques.
Selon les estimations, la Banque centrale turque a dépensé plus de 200 milliards de dollars pour tenter de soutenir la livre turque au cours des deux dernières années. Les nouveaux responsables de l’économie, le ministre des Finances, Mehmet Simsek, et le gouverneur de la Banque centrale, Hafize Gaye Erkan, ont tenté de rééquilibrer l’économie avec des solutions conventionnelles visant à atténuer la crise du coût de la vie et à mobiliser le soutien des investisseurs étrangers.
Liberation