Au Sri Lanka, du paradis à la descente aux enfers
Sa réputation était déjà écornée par plusieurs scandales. La crise du Covid va contraindre l'ONG à mettre en place un plan de licenciements.
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Le gouverneur a été nommé il y a un mois quand son pays s’est retrouvé dans l’incapacité de faire face aux remboursements de sa dette extérieure. Faute de devises dans les caisses. Il a donc déclaré le défaut de paiement, une décision historique, c’était une première pour le Sri Lanka depuis son indépendance en 1948. Dans la foulée, il redresse les taux d’intérêts pour défendre la roopie. Mais cette thérapie de choc n’a pas résolu le problème numéro un du pays : le manque de dollars qui l’empêche depuis plusieurs mois d’importer le carburant, la nourriture, les médicaments, tout ce qui est indispensable au quotidien. Cette crise des paiements extérieurs est apparue au grand jour il y a trois mois avec les coupures de courant mais elle avait commencé il y a deux ans avec l'irruption de la pandémie.
Le Covid a brutalement asséché les revenus du tourisme et les transferts de la diaspora
Le tourisme et les transferts alimentent à eux deux 20% du PIB. Ce sont les principales sources de devises, avec l'industrie textile. Le Sri Lanka a subi les événements extérieurs mais il a aussi été victime de l’incompétence de son gouvernement. Dominé par la famille Rajapaksa. Juste avant le début du Covid, le président fraîchement réélu a eu la malencontreuse idée de baisser les impôts. Privant l’Etat de ressources qui vont cruellement manquer quand le coronavirus a commencé à détruire l'économie de service. Ce héros de la lutte contre le terrorisme des Tigres tamouls n’a pas brillé par ces décisions économiques. L’année suivante il persiste et signe dans le déni : alors que les devises commencent à se tarir, il convertit brutalement l’agriculture au bio, faute de dollars pour importer des engrais. La production de thé et de riz chute rapidement, un nouveau coup dur pour la balance commerciale. L’inflation, alimentée par la guerre en Ukraine, fait bondir l’addition. Les prix ont augmenté de 30% par rapport à l’année précédente.
La Chine est l’un des tout premiers créanciers du Sri Lanka, elle fait partie du problème, ou de la solution ?
Sa créance se monte à 3,5 milliards de dollars sur une dette externe de 50 milliards. Pékin a mis la main sur le port du sud de l'île, devenu l’une des villes étapes de la route de la soie, avec une concession de 99 ans. Pékin a apporté son aide pendant la pandémie et a consenti un nouveau prêt au Sri Lanka. Mais son soutien reste très mesuré. Après le défaut de paiement, Colombo a appelé le FMI à l'aide, une décision qui a irrité les Chinois. Par crainte sans doute d'une restructuration massive de la dette. Elle pourrait faire tache d'huile dans d'autres régions du monde. Le puissant voisin indien en revanche a encouragé cette option. Et il apparaît aujourd'hui comme le bienfaiteur de la pépite de l'océan Indien. Son aide a permis à plusieurs reprises cette année de régler la facture des importations. New Delhi fait aussi des affaires sur place. L'Inde a signé plusieurs grands projets énergétiques dans le solaire l'éolien et l'hybride.
C'est le plus gros promoteur chinois à faire défaut cette année. L'an dernier l'actualité du secteur a été dominé par la chute d'Evergrande. La construction pèse le quart du PIB chinois, cette locomotive de l'économie est aujourd'hui totalement congestionnée par le surendettement.