Sextape de Saint-Étienne : des enregistrements du maire prouvent un chantage mafieux
Ce sont des nouveaux enregistrements accablants que vient de publier Médiapart ce lundi, dans l'affaire du chantage à la sextape exercé sur Gilles Artigues, ancien premier adjoint à la mairie de Saint-Étienne. Des enregistrements accablants pour le maire, Gaël Perdriau, et son directeur de cabinet.
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Ce sont des échanges qui laissent sans voix. Des enregistrement liés à l'affaire de chantage à la vidéo volée qui déchire la mairie de Saint-Étienne depuis les révélations du site d'investigation, à la fin du mois d'août.
Ces enregistrements ont été publiés il y a quelques heures par le site d'information Médiapart (article payant). On y entend des extraits de conversation enregistrés dans le bureau du maire : une conversation entre Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne, Pierre Gauttieri, son directeur de cabinet et Gilles Artigues, alors premier adjoint. C'est ce dernier qui a subi un chantage pendant près de huit ans, après avoir été filmé à son insu, avec un escort boy, dans un hôtel.
Dans ces extraits sonores, dont les voix ont été identifiées par la rédaction de France Bleu-Saint-Étienne Loire, on comprend que, non seulement Gaël Perdriau et Pierre Gauttieri connaissaient l'existence de cette vidéo intime -ce que le maire a encore démenti la semaine dernière, évoquant seulement "des rumeurs"-, mais qu'en plus, les deux hommes s'en servaient pour faire pression sur Gilles Artigues. C'est ce dernier qui a enregistré ces conversations à partir de 2017, déterminé à faire cesser ce chantage.
"Si le fait que j'aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour, je n'en ai aucun problème" - Pierre Gauttieri, directeur de cabinet du maire de Saint-Étienne
Lors de la première réunion enregistrée, le 27 novembre 2017, on entend le directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, reconnaître qu'il détient la vidéo. "On m'a fait parvenir un film très édifiant..." attaque-t-il. Puis, Gaël Perdriau réfute avoir commandé le guet apens, mais il dit qu'il a bien une clé USB. Gilles Artigues l'accuse alors de "préméditation", "Non ! Non, c'est faux" s'écrie Gaël Perdriau en réponse.
Pierre Gauttieri se dit ensuite prêt à l'utiliser, quitte à aller en prison : "Si le fait que j'aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour, je n'en ai aucun problème", assène-t-il. "Je n'en n'ai aucune envie, j'ai dit respectez moi", se défend alors Gilles Artigues.
"Le film complet d'une heure et quart, c'est pas une mise en scène, ça !" - Gaël Perdriau
Dans ces enregistrements, on entend encore Gaël Perdriau évoquer le montage de la vidéo qui a été montrée à Gilles Artigues. "C'est une mise en scène odieuse" se plaint ce dernier. [...] "Ça, c'est effectivement peut-être une mise en scène. Mais le film complet d'une heure et quart, c'est pas une mise en scène, ça" cingle le maire LR de Saint-Étienne.
Puis les menaces de Pierre Gauttieri se font plus précises : "Si je dois utiliser quelque chose, je l'utiliserai, ne vous en faites pas. Ne vous trompez pas. Je fonctionne exactement comme peut fonctionner un criminel. Je n'ai aucune foi ni loi", martèle-t-il.
"Je fonctionne exactement comme peut fonctionner un criminel. Je n'ai aucune foi ni loi" - Pierre Gauttieri, directeur de cabinet du maire de Saint-Étienne
Lors d'une seconde réunion datée du 9 juillet 2018, Gaël Perdriau, à son tour, se montre menaçant : "On n'est pas obligé de diffuser publiquement", mais "en petits cercles et avec parcimonie" menace-t-il, "on va dire, au bout d'un moment si tu veux, plus rien à foutre", déclare le maire. Dans un autre échange, on apprend aussi que Pierre Gauttieri a menacé de propager la vidéo auprès des parents d'élèves des établissements où sont scolarisés les quatre enfants de la victime. Puis, il conclut, implacable : "Je pense que vos enfants ne s'en remettront pas !"
Dans ce nouvel article, Médiapart révèle enfin que Gilles Artigues a envisagé de se suicider pour mettre un terme au calvaire qu'il vivait depuis des années. Avant de finalement renoncer et de se décider à "accumuler des preuves" contre ses maîtres-chanteurs.
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Les principaux protagonistes de cette affaire
Gaël Perdriau : le maire (LR) de Saint-Étienne, il est accusé par Gilles Artigues (son ex premier adjoint) d'avoir commandité un moyen de le museler politiquement.
Pierre Gauttieri : directeur de cabinet à la mairie de Saint-Étienne, il est lui aussi accusé d'avoir tendu un piège à Gilles Artigues afin de faire pression sur ce dernier. Gilles Artigues : ancien premier adjoint (UDI) au maire de Saint-Étienne à l'époque des faits, en 2014. Il est aujourd'hui troisième adjoint au maire et vice-président de Saint-Étienne Métropole. C'est lui la victime présumée. Il a été filmé avec un escort boy et a subi un chantage à la vidéo érotique.Samy Kéfi-Jérôme : actuel adjoint au maire de Saint-Étienne à l'éducation, c'est, selon son ex-compagnon Gilles Rossary-Lenglet, l'autre co-organisateur du piège. Il apparait sur la vidéo en question.
Gilles Rossary-Lenglet : c'est lui qui a révélé l'affaire et lui qui a co-organisé le guet-apens dont a été victime Gilles Artigues dans un hôtel parisien. Il affirme que le maire et son entourage lui ont commandé ce piège. Il était en couple avec Samy Kéfi-Jérôme au moment des faits.