Ça s'est passé très vite, sous l'oeil des touristes et des badauds ébahis. Il est un peu plus de 15 h hier lorsque quatre hommes armés de pistolets et de masses font irruption dans une bijouterie de la rue du Rhône. L'un d'eux neutralise l'agent de sécurité, les autres se précipitent sur les vitrines en menaçant une vendeuse et le patron. Ce dernier se débat, tente de repousser ses agresseurs. En vain. En moins de deux minutes, selon les témoins, les quatre hommes brisent les vitrines et dérobent les bijoux. L'expertise n'est pas encore terminée, mais selon le bijoutier, le préjudice est estimé à plusieurs millions de francs. Encore sous le choc hier, en fin d'après-midi, le patron et les employés acceptent de revenir sur la minute qui a bouleversé leur existence. «Malgré mon âge, je me suis battu avec l'un d'eux, raconte le propriétaire. Je pense que ça les a déstabilisés, ils ne s'attendaient pas à ce que je m'interpose.» Il montre une vitrine éventrée. «Regardez, une bague de plus de 500 000 francs, ils ne l'ont pas prise, ils ont battu en retraite avant de tout vider.»
Le propriétaire des lieux est en colère et désabusé. La sonnette à l'entrée et l'agent de sécurité n'ont pas retenu les assaillants. «Je paie 12 000 francs par mois pour la sécurité et regardez-moi ça. Je ne comprends pas ce que font les autorités. Tous les jours en venant ici, je suis apostrophé par des gens qui me demandent de l'argent. Il y a de plus en plus de voyous dans les rues. Pourquoi ils ne font rien? Ils attendent que l'on ferme boutique.» Pour l'heure, le porte-parole de la police genevoise reste peu disert sur cette affaire. «Nous avons lancé les opérations de recherche et une enquête est en cours», lâche Eric Grandjean, laconique.
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