Smecta, Vogalène, Maxilase... La revue Prescrire publie sa liste des médicaments «plus dangereux qu'utiles»
105 médicaments, dont 88 commercialisés en France, sont cités par la revue médicale Prescrire, avec une balance bénéfices-risques qui demeure «défavorable».
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La revue Prescrire dresse, comme chaque année, sa liste des médicaments "plus dangereux qu'utiles". Certains demeurent pourtant en vente libre en pharmacie.
Des médicaments inefficaces, voire dangereux. La revue médicale Prescrire publie sa liste noire 2024, similaire à celle de l'année dernière. En clair: il s'agit de 105 médicaments -88 commercialisés en France- dont la balance bénéfices-risques demeure "défavorable dans toutes les situations cliniques dans lesquelles ils sont autorisés". Certains de ces 88 médicaments sont pourtant en vente libre en pharmacie.
"Il n'est pas justifié d'exposer les patients à des effets indésirables graves quand l'efficacité clinique n'est pas démontrée", écrit le mensuel.
Car c'est bien là le problème: en plus de leur faibles résultats, ces médicaments comportent des effets indésirables, dont certains particulièrement graves. La revue recommande ainsi de les "écarter pour mieux soigner" et de se tourner vers d'autres options "quand un traitement médicamenteux paraît souhaitable".
"Et dans certaines situations, l'option la plus prudente est de ne pas recourir à un médicament."
Considéré comme une source fiable d'informations sur les médicaments, Prescrire publie cette liste depuis douze ans dans l'objectif d'apporter aux soignants et aux patients des informations "claires, synthétiques, fiables et actualisées".
Vogalène, Vogalib: "effets indésirables disproportionnés"
Parmi ces traitements à éviter: des best-sellers de pharmacie. Dont le diclofénac par voie orale, appelé Voltarène, qui expose à un surcroît d'effets indésirables cardiovasculaires -infarctus du myocarde ou insuffisances cardiaques- par rapport à d'autres anti-inflammatoires non stéroïdiens.
La revue décommande également le recours au Smecta, pourtant largement ancré dans les usages en cas de troubles intestinaux, en raison de la présence naturelle de plomb. Et rappelle: "Le plomb a des effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardiovasculaires, et des effets reprotoxiques, dont la plupart augmentent avec la dose d'exposition".
Autre traitement fréquemment utilisé lors de nausées et vomissements: la métopimazine, ou Vogalène et Vogalib, qui expose à des troubles du rythme cardiaque, des accidents vasculaires cérébraux et des morts subites. Des effets "indésirables disproportionnés par rapport aux symptômes traités et à leur faible efficacité sur les nausées et vomissements", dénonce la revue.
Maxilase: "effet placebo"
Prescrire pointe également depuis plusieurs années les décongestionnants, utilisés en cas de rhume, qui contiennent de la pseudoéphédrine. Des médicaments qui exposent à des troubles cardiovasculaires "graves voire mortels". S'ils ne sont pas expressément nommés, cela concerne des produits très connus: Actifed rhume, Dolirhume, Humex rhume, Nurofen rhume et Rhinadvil.
Toujours en cas de sensation de nez bouché, la revue mentionne également des solutions pour pulvérisation nasale: le tuaminoheptane -contenu dans le Rhinofluimucil- mais aussi l'oxymétazoline -présente dans l'Aturgyl- ou encore le naphazoline, vendu sous le nom Derinox.
Dans le rayon des sirops contre la toux, Prescrire dénonce à nouveau l'oxomémazine, ou Toplexil, et la pentoxyvérine (Clarix).
Autre produit souvent utilisé pour soulager les maux de gorge mais que la revue déconseille fortement: l'alpha-amylase, ou Maxilase, jugé "sans efficacité démontrée au-delà de celle d'un placebo". Un médicament qui expose à des troubles cutanés ou allergiques parfois graves.
Alternative au Maxilase: "En complément de mesures (...) telles que boire de l'eau ou sucer des confiseries, le paracétamol, en maîtrisant sa posologie, est la meilleure option".