Tout ce que vous devez savoir sur la variole du singe
Plusieurs cas de variole du singe émergent dans le monde depuis début mai. Le virus de la variole du singe ou virus "Monkeypox" est à l'origine d'une maladie infectieuse transmise à l'Homme par les animaux.
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Définition : c'est quoi la variole du singe ?
"L'orthopoxvirose simienne, ou "variole du singe", est une zoonose virale rare (virus transmis à l'être humain par les animaux) que l'on observe principalement dans les zones isolées du centre et de l'ouest de l'Afrique, à proximité des forêts tropicales humides" indique l'OMS. On parle du variole du "singe" car le virus a été découvert en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague mais "c'est une erreur de dire cela car c'est plutôt un virus variolique hébergé par des rongeurs comme les écureuils et les gros rats d'Afrique comme le rat de Gambie" nous explique le Pr Jeanne Brugère-Picoux. "Ce virus ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais le monkeypox est dû à un poxvirus différent du virus de la variole" explique l'OMS. Le premier cas humain a été détecté en 1970, en République démocratique du Congo chez un enfant vivant dans une région où la variole avait été éliminée depuis 1968. On connaît deux souches de variole du singe :
la souche Congo ou souche d'Afrique centrale (la plus virulente)
la souche d'Afrique occidentale (moins virulente qui semble être celle retrouvée dans les cas actuels)
Quelles différences avec la variole ?
Le virus Monkeypox ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais c'est un poxvirus différent. La variole dite "du singe" est plus bénigne, associée à des ganglions (il n'y a pas de ganglions dans la variole), les cicatrices sont moins graves. La variole simienne ressemble aussi beaucoup à la varicelle qui est plus contagieuse.
Variole : symptômes, vaccin, photo, aucun traitement ?
La variole est une maladie virale très contagieuse éradiqué officiellement en 1980 grâce à la vaccination. Des cas de variole du singe sont cependant rapportés en Europe -notamment en France- en mai 2022. Symptômes, mortalité, vaccin, traitement... Explications avec le Pr Christian Rabaud, infectiologue au CHRU de Nancy.
Combien de cas de variole du singe en France ?
Au 23 mai, Santé Publique France confirme 3 cas de Monkeypox sur le territoire. "A ce jour, ces cas sont survenus principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), sans liens directs avec des personnes de retour de zone endémique." La Direction générale de la Santé a rapporté le 20 mai un premier cas suspect de variole du singe en Ile-de-France. "Il s'agit d'un homme de 29 ans sans antécédent de voyage dans un pays où circule le virus" a précisé Santé Publique France ce même jour. Dès la suspicion de son infection, la personne a été prise en charge. En l'absence de gravité, elle est isolée à son domicile. Une enquête épidémiologique approfondie est mise en œuvre par les équipes de Santé publique France et de l'ARS Ile-de-France, en lien avec le médecin ayant pris en charge cette personne. Les personnes ayant été en contact étroit avec ce patient sont en cours de recensement. Elles recevront de la part des autorités sanitaires les informations sur la conduite à tenir, afin de limiter la propagation du virus. L'infection à Monkeypox est une maladie à déclaration obligatoire.
Quels sont les symptômes de la variole du singe ?
La variole du singe est une maladie "à tropisme cutané" nous explique le Pr Brugère-Picoux. Dans les 5 premiers jours, l'infection provoque plusieurs symptômes :
fièvre
maux de tête
adénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques)
douleurs dorsales
myalgies (douleurs musculaires)
asthénie (épuisement)
Dans les 1 à 3 jours (parfois plus) suivant l'apparition de la fièvre, le patient développe des symptômes d'éruption cutanée (rash) qui commence souvent sur le visage puis s'étend à d'autres parties du corps, dont les paumes des mains, les plantes des pieds et les muqueuses (bouche et région génitale). L'atteinte cutanée survient en une seule poussée. Des démangeaisons sont fréquentes. Les lésions passent par différents stades successifs :
macules
papules
vésicules
pustules
croûtes
Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses. Les autres muqueuses (ORL, conjonctives) peuvent également être concernées. Les cas récemment détectés chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont signalé une prépondérance de lésions dans la région génitale. "L'incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie, généralement bénigne, guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines" souligne Santé Publique France.
► En cas d'apparition de symptômes (fièvre et éruption cutanée avec des vésicules), contacter le SAMU Centre 15. Il est recommandé de vous isoler en attendant un avis médical et d'éviter les contacts avec d'autres personnes.
Photo : A quoi ressemblent les boutons de la variole du singe ?
La variole du singe entraîne des boutons qui peuvent faire penser à la varicelle : d'abord des vésicules (boutons avec liquide à l'intérieur) puis des pustules et enfin des croûtes. Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses.
Transmission : comment s'attrape la variole du singe ?
"Le virus se transmet principalement à l'être humain à partir de divers animaux sauvages, rongeurs ou primates par exemple, mais la propagation secondaire par transmission interhumaine est limitée" rassure l'OMS. L'infection est provoquée par un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d'animaux infectés. "En Afrique, on a documenté des infections humaines à la suite de la manipulation de singes, de rats géants de Gambie et d'écureuils infectés, les rongeurs étant vraisemblablement le principal réservoir du virus. La consommation de viande d'animaux infectés pas suffisamment cuite est un facteur de risque possible" développe l'OMS. La transmission entre Hommes se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires. Les autres modes de transmission interhumaine comprennent le contact cutané direct avec les liquides biologiques ou la lésion, et le contact indirect avec la lésion, par exemple par des vêtements, du linge de maison ou de la vaisselle contaminés. "Il est donc important que les malades respectent un isolement pendant toute la durée de la maladie (jusqu'à disparition des dernières croutes, le plus souvent 3 semaines)" préconise Santé Publique France.
La variole du singe est-elle contagieuse ?
"C'est une maladie contagieuse, confirme le Pr Brugère-Picoux mais pas autant que la varicelle." Il peut y avoir une transmission de la maladie entre Hommes, par exemple au sein d'une même famille via l'exposition aux gouttelettes respiratoires de la personne contaminée mais cela "nécessite en général un contact face à face prolongé" souligne l'OMS. Elle peut également survenir par inoculation ou par voie placentaire (orthopoxvirose simienne congénitale).
Comment savoir si j'ai la variole du singe ?
Pour diagnostiquer la maladie, il faut passer par une analyse du virus en laboratoire. "On fait le diagnostic de la lésion cutanée. Au microscope, on reconnaît tout de suite le virus car c'est un gros virus" précise le Pr Brugère-Picoux.
Quel est le traitement contre la variole du singe ?
"Il n'existe pas de traitement spécifique ni de vaccin même si la vaccination antivariolique s'est avérée très efficace pour prévenir également l'orthopoxvirose simienne" souligne l'OMS. La variole du singe est une maladie dont le patient guérit le plus souvent spontanément en deux à trois semaines.
Existe-t-il un vaccin contre la variole du singe ?
Il n'existe aucun vaccin contre le Monkeypox mais celui contre la variole serait efficace à 85% selon l'Institut Pasteur. "Les plus de 50 ans sont déjà protégés [contre la variole du singe] grâce au vaccin contre la variole" a rassuré le Pr Jean-Daniel Lelièvre dans un entretien accordé au Parisien le 22 mai. Le 24 mai, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de "vacciner les adultes dont le contact avec une personne infectée est considéré comme à risque, y compris les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle". Cette vaccination doit être effectuée uniquement avec le vaccin de troisième génération dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours.
Vaccin contre la variole : recommandé par la HAS, pour qui ?
Face à la confirmation de 3 cas de variole du singe en France, la Haute Autorité de Santé recommande la vaccination des cas contacts. Le vaccin contre la variole serait efficace à 85% contre cette forme de variole selon l'Institut Pasteur. Qui l'a inventé ? A quelle date ? Est-il encore disponible en France ? Obligatoire ? Le point.
La variole du singe est-elle mortelle ?
"Le taux de mortalité lors des flambées d'orthopoxvirose simienne s'est établi entre 1% et 10% (3.6% pour la souche d'Afrique occidentale ; 10,6% pour la souche d'Afrique centrale), la plupart des décès survenant chez les plus jeunes" indique l'OMS. "La maladie dure généralement de 2 à 4 semaines. "La maladie est plus grave chez les enfants et chez les personnes immunodéprimées. Elle peut se compliquer de surinfection des lésions cutanées ou d'atteintes respiratoires, digestives ou ophtalmologiques ou neurologiques. A ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et il n'y a pas de décès signalé" rapporte Santé Publique France le 20 mai.
Comment se protéger ?
La maladie étant transmissible par contact avec les lésions, il faut éviter tout contact avec la personne atteinte et avec ce qu'elle a pu toucher (drap, serviettes de toilette, vêtement...). "Par comparaison avec la variole humaine, les mesures d'éradication ne pourront pas être aussi efficaces avec la variole simienne du fait d'un réservoir viral dans plusieurs populations d'animaux sauvages en Afrique" précise le Pr Brugère-Picoux. Enfin, la vaccination contre la variole permettait d'offrir une protection croisée contre le virus de la variole simienne estimée à 85%.