Réagissant aux informations indiquant que l’universitaire et défenseur des droits humains injustement incarcéré Abduljalil al Singace, qui refuse toute nourriture solide depuis un an, a décidé de se priver également de la solution saline qui permet de stabiliser son état de santé, afin de protester contre le fait que la direction de la prison refuse de lui donner certains de ses médicaments, Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
« Il est absolument inacceptable que les autorités bahreïnites se soient contentées d’observer sans rien faire la dégradation de l’état de santé d’Abduljalil al Singace – qui est âgé de 60 ans et qui endure des souffrances inutiles – au cours des 365 jours qu’a duré jusqu’à présent sa grève de la faim, au cours de laquelle il n’a consommé que des liquides. Il est emprisonné depuis plus de 10 ans uniquement parce qu’il a exercé ses droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ; il n’aurait donc jamais dû être incarcéré.
« Les autorités bahreïnites doivent le relâcher immédiatement et sans condition. Elles doivent de toute urgence faire en sorte qu’il reçoive sans délai les médicaments dont il a besoin et qu’il ait accès en temps voulu aux soins de santé que son état nécessite, et le protéger contre la torture et les autres formes de mauvais traitements. « Les autorités bahreïnites continuent de sanctionner Abduljalil al Singace en raison de sa participation pacifique au soulèvement de 2011. Elles l’ont injustement emprisonné, et elles lui ont en outre confisqué illégalement le livre qu’il était en train d’écrire, ce qui l’a conduit à entamer une grève de la faim. Ses travaux doivent immédiatement être remis à sa famille. »
Abduljalil al Singace purge depuis plus de 10 ans sa peine d’emprisonnement à perpétuité dans la prison de Jaw, où il a été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements.
Le 8 juillet 2021, il a entamé une grève de la faim pour protester contre la confiscation par l’administration pénitentiaire d’un ouvrage consacré aux dialectes bahreïnites, auquel il avait dédié quatre années de recherches et d’écriture. Le 18 juillet 2021, les autorités l’ont transféré au centre médical de Kanoo, où il est depuis détenu, en raison de la dégradation de son état de santé. Le 29 juin 2022, il a annoncé qu’il allait également cesser de prendre la solution saline qui permet de stabiliser son état de santé pendant qu’il se prive de nourriture, afin de protester contre le fait que les autorités ne lui donnent pas les médicaments qui lui sont prescrits et dont il a besoin rapidement, notamment des gouttes pour les yeux et des pommades antalgiques pour les douleurs articulaires et musculaires.
Abduljalil al Singace souffre de nombreux problèmes de santé, notamment de violentes migraines intermittentes, d’un problème de prostate, d’arthrite de l’épaule, de tremblements, d’engourdissements et d’une altération de la vue. Les autorités ne lui ont pas communiqué les résultats d’un examen par IRM de son épaule effectué en octobre 2021.
Le rapport établi par la Commission d’enquête bahreïnite indépendante a indiqué en 2011 qu’à la suite de son arrestation, la police l’avait roué de coups la nuit pendant deux mois alors qu’il était à l’isolement, avait visé son handicap en le privant de ses béquilles, l’obligeant à « rester debout sur une jambe pendant des périodes prolongées » et enfonçant sa béquille « dans ses parties génitales », et avait « menacé de le violer et tenu des propos obscènes au sujet de sa femme et de sa fille ».
Amnesty International