De plus en plus affirmées, les ambitions de l'Arabie saoudite dans le sport portent désormais un visage. Sourire aux lèvres, maillot bleu et jaune sur les épaules, Cristiano Ronaldo a été présenté en grande pompe ce mardi, devant 25.000 personnes massées dans le Mrsool Park de Ryad. A 37 ans, la nouvelle recrue d'Al Nassr s'offre un exil doré, assorti d'un salaire mirobolant : 200 millions d'euros pour deux ans et demi de contrat, selon plusieurs médias.
Sans club depuis son départ fracassant de Manchester United, « CR7 » marche ainsi dans les traces de plusieurs gloires du football ayant choisi de quitter l'Europe au crépuscule de leur carrière. Xavi (Qatar), David Beckham (Etats-Unis), Andres Iniesta (Japon), ou Carlos Tevez (Chine) ont chacun choisi de voguer vers d'autres horizons, le plus souvent pour un projet financièrement très attrayant.
Sportif « bling bling »
Mais l'aura et le palmarès de Cristiano Ronaldo donnent un caractère particulier à l'opération. Quintuple ballon d'or, meilleur buteur de la Ligue des champions, qu'il a remportée à cinq reprises, champion d'Europe avec sa sélection… Le Portugais a presque tout gagné, et reste compétitif malgré un bilan mitigé dans son dernier club.
Parfois « bling bling », toujours sûr de lui, il est aussi la personnalité la plus suivie du réseau social Instagram avec… 528 millions d'abonnés. C'est dire s'il coche toutes les cases pour un rôle d'ambassadeur - officieux - d'un pays qui entend muscler sa « diplomatie sportive ».
Le Mondial 2030 dans le viseur
A l'instar de son voisin qatari, l'Arabie saoudite a en effet engagé les grandes manoeuvres pour faire évoluer son image, en obtenant l'organisation de grands événements sportifs internationaux.
Alors que se déroule actuellement le rallye-raid Dakar (ex-Paris Dakar), le royaume accueillera à partir du 11 janvier la Supercoupe d'Espagne de football. Le cyclisme (Saoudi Tour), ou la Formule 1 (Grand Prix de Jeddah, en attendant la construction d'un nouveau circuit à Qiddiya) y ont déjà pris pied. Tout comme l'hippisme, avec la Saoudi Cup, devenue la course la plus richement dotée du monde.
Le fonds souverain saoudien (PIF) finance de son côté le circuit de golf LIV, qui a défrayé la chronique en concurrençant frontalement le tout-puissant PGA Tour. En parallèle, un consortium emmené par le PIF a acté le rachat du club de football de Newcastle, en Premier League, imitant au passage ses concurrents émiratis (Manchester City) et qataris ( PSG ).
A moyen terme, l'Arabie saoudite ne cache pas son ambition d'organiser la Coupe du monde de football en 2030, et une candidature commune avec l'Egypte et la Grèce a publiquement été évoquée. Avant cela, le royaume accueillera la Coupe d'Asie en 2027, sans oublier les Jeux asiatiques… d'hiver, en 2029. Avec, dans le viseur, l'organisation des Jeux Olympiques d'été, qui le ferait définitivement passer dans une autre dimension.
Les Echos