Breel Embolo avait prévenu : "Si je marque, j’essaierai de ne pas célébrer." Résultat : il a marqué… et il a essayé de ne pas célébrer. Jeudi au Qatar, l’attaquant suisse d’origine camerounaise (25 ans) a exprimé une joie très sobre, après avoir inscrit son premier but en Coupe du monde, le seul de la rencontre gagnée par la Nati face aux Lions Indomptables. Un but qui porte un sévère coup aux chances de qualification de son pays natal, dans un groupe G très relevé, avec la Serbie et le Brésil.
Embolo a débloqué la situation dès l’entame du second acte, sur un service de Xherdan Shaqiri. Curieusement seul en pleine surface adverse, le puissant avant-centre helvète a fait preuve de sang-froid au moment de conclure, autant qu’à l’heure de s’en réjouir. Il a certes grandi en Suisse, mais n’a "jamais rompu le lien avec le Cameroun", comme il le confiait à l’AFP avant la rencontre : "Toute ma famille habite là-bas. Pour garder ce lien, je rentre une fois ou deux par an."
J’AI EU LA POSSIBILITÉ D’ALLER À LA COUPE DU MONDE AVEC LE CAMEROUN EN 2014
Au sein de sa famille, la question de sa nationalité sportive a même été conflictuelle : "Il y avait des partisans des deux sélections, mais tout le monde a respecté mon choix." Breel Embolo a longuement hésité. "J’ai repoussé au maximum ma prise de décision, c’était très difficile… Puis un jour, tu te réveilles et tu as ta réponse, tu te dis : 'C’est ça que je veux, pas de retour en arrière'", raconte celui qui défend les couleurs de la Suisse depuis 2015. Soit quelques mois après avoir tutoyé un premier grand rendez-vous planétaire en tant que teenager : "J’ai eu la possibilité d’aller à la Coupe du monde avec le Cameroun en 2014 (à 17 ans, ndlr)."
D’où un "match très, très spécial" pour l’attaquant aux 12 buts en 60 capes, qui dispute son deuxième Mondial. Il "avoue ne pas avoir sauté de joie" lors du tirage au sort, et ce malgré l'opportunité de pouvoir "jouer contre (son) autre pays, montrer ce (qu’il a) appris." La nouvelle arme offensive de l’AS Monaco n’a pas fait de sentiment, a su "mettre de côté" ses émotions, comme il l'a expliqué au micro de BeIN Sports, après la rencontre : "C'est beaucoup de fierté et de soulagement. C'était un match de Coupe du monde avant tout."
SPORT À PART
Relancé sur sa situation paradoxale de responsable, partiel, du huitième revers de rang du Cameroun dans la compétition (série débutée en 2002), il a répondu : "C'est le sport." Son attachement au pays où réside toujours son père va bien au-delà du rectangle vert. "Je veux que mes enfants gardent aussi ces racines et je veux 'rendre', à travers certaines oeuvres caritatives, notamment mon association", détaillait-il avant l'affrontement du jour, dont il est sorti vainqueur sans fanfaronner.
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